La léproserie de Madjrè
Article mis en ligne le 16 janvier 2010
dernière modification le 15 octobre 2013

En route pour la visite...

La Léproserie de Madjrè

Le Centre de Madjrè dépend de la commune de Dogbo, dans le département du Couffo, au Sud-Ouest donc du Bénin. Situé au bout d’une piste en latérite, isolé comme il se doit, la lèpre étant une maladie toujours considérée comme contagieuse et honteuse. Le dernier village habité est à plus de 20 minutes en voiture et le marché le plus proche est à 2 heures de marche ! Lors de la saison des pluies, la piste devient souvent impraticable aggravant cet isolement pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines.

La léproserie a été fondée, il y a eu 40 ans en décembre dernier, par le Père Louis-Marie Moreau, prêtre des Missions Africaines et originaire de... Chavagnes en Paillers ! (le monde est petit ou plutôt la Vendée a été le berceau de nombreux missionnaires !) Ce sont ensuite les sœurs des Hospices de Beaune puis des sœurs italiennes qui s’en occuperont. Depuis 1992, ce sont des religieuses béninoise de l’ordre des Servantes de la Lumière du Christ qui gèrent ce centre. Actuellement, elles sont quatre Sr Adélaïde, Sr Albertine, Sr Zita avec Sr Rachel Togbé qui en assure la responsabilité depuis 2000. Il y a quelques années, l’hébergement des familles a été envisagé, à l’initiative de Sr Rachel, pour favoriser une prise en charge plus humaine des malades. La vie en famille des malades est possible. C’est donc un véritable village qui a été crée autour de l’ancienne léproserie avec ses rues, ses maisons, son école, sa chapelle, ses ateliers et bien sûr les salles de soins, la pharmacie. Là vivent 47 malades, 57 familles ce qui représente quelques 200 personnes dont 107 enfants. La convivialité, l’entraide, la joie de vivre, malgré le contexte de la maladie, est réelle dans le village. Les occasions de danses, de chants et de fête sont fréquentes et vite saisies ; c’est en chantant qu’une femme peut vous raconter toute sa vie de malade…

Soigner, nourrir, éduquer, enseigner :

¤- Soigner. Madjrè est à la fois un dispensaire et une léproserie. Les habitants des villages proches viennent s’y faire soigner profitant de la compétence des sœurs et du personnel infirmier. Les lépreux présents ici sont souvent atteints de la forme grave, ils sont soignés le matin : traitements et soins, il y a attente à la salle de pansements. Certains sont en bonne voie de guérison, d’autres resteront invalides, d’autres encore sont malheureusement plus atteints.

¤- Nourrir. Pour limiter les dépenses de fonctionnement, c’est l’autarcie qui est recherchée. On y pratique donc la culture de manioc, de maïs, de piment, on y fabrique l’huile de palme, on récolte les fruits de manguiers, de papayers, on y fait de l’élevage de lapins, de poules (arrêté pour cause de grippe aviaire) et de cochons. Des greniers et entrepôts permettent de stocker d’une récolte à l’autre. L’attente de la prochaine récolte quand les réserves sont épuisées occasionne souvent une période difficile dite « de soudure » pendant laquelle il faudra acheter pour faire la jonction.

¤- Éduquer. Les familles sont responsabilisées et non assistées, elles prennent part à tous les travaux des champs ainsi qu’à l’entretien, à la construction et à l’amélioration des bâtiments. Elles ont droit à un petit lopin de terre afin d’être en quelque sorte indépendants.

¤-Enseigner. Au Bénin, l’école est, en principe, obligatoire à partir de 6 ans. L’enseignement se fait en français, langue officielle du Bénin. A Madjrè, une école primaire a été installée, elle permet la scolarisation des enfants. Pour certains le suivi de la scolarité au collège, au lycée et même à l’université (pour la 1ère fois cette année) est également pris en charge. Sur place, cela représente des postes d’enseignants, des besoins en matériel, en fournitures scolaires et livres et des frais pour ceux qui continuent leurs études ailleurs. L’an dernier, l’association « Grandir à Madjrè » a permis de créer une maternelle « La Pépinière Nouvelle ». Les très jeunes enfants bénéficient maintenant d’un environnement et d’un lieu spécifique propices à leur développement.

Des jeunes bénévoles d’associations humanitaires (Fidesco, « Grandir à Madjrè » et autres…) viennent périodiquement apporter leur contribution à toutes ces activités. L’expérience humaine vécue fait que de ce lieu-là, il est impossible de repartir tel que l’on est arrivé !!!

Trouver les fonds pour le fonctionnement et les projets :

C’est un énorme travail de relations publiques, c’est un « combat » à reprendre chaque année pour Sr Rachel avec une énergie et un dévouement incroyable ! Continuer à obtenir de l’état béninois, de la Fondation Raoul Follereau et de diverses associations des aides suppose des contrôles quant à leur bonne utilisation, des demandes à renouveler, dépôts de dossiers, rendez-vous dans les ministères à Porto-Novo et même de venir en France pour « présenter » directement ses nouveaux projets auprès de la Fondation Raoul Follereau et des amis.

C’est alors l’inquiétude dans l’attente de l’attribution de ces aides, il est toujours nécessaire de déployer des trésors d’inventivité pour pallier les manques. Les sœurs savent toujours s’en remettre à la Providence et rester confiantes en l’avenir, sans aucun fatalisme elles sont tellement agissantes !

Les aides extérieures ont déjà permis l’achat d’un 4x4 (Fondation Raoul Follereau) et de terres à cultiver. Elles ont aussi aidé à la construction de clapiers, du four à manioc, du puits et du système d’adduction d’eau sur 5 km, à l’agrandissement de la porcherie. Il reste à faire encore et toujours pour améliorer la vie à Madjrè.

Pour visualiser le diaporama réalisé à partir de photos données par Sr Rachel cliquer sur le lien ci-dessous.

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