Message de Mgr Jacolin aux Catholiques de Vendée en la fête de St Joseph.
Article mis en ligne le 20 mars 2020
dernière modification le 26 juillet 2020
19 mars 2020
A Luçon

Message aux Catholiques de Vendée
« Le Seigneur nous invite à vivre cette fin de carême d’une façon originale en renouvelant nos pratiques »

Chers frères et sœurs,

En ce carême 2020 le Seigneur nous entraîne dans le désert. Il renouvelle d’une façon inattendue aujourd’hui ce qu’il avait entrepris pour son peuple à la sortie d’Égypte :
Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert. Le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté. Il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : allais-tu garder ses commandements, oui ou non ?... Tu le sauras dans ton cœur : comme un homme éduque son fils, ainsi le Seigneur ton Dieu fait ton éducation. Tu garderas les commandements du Seigneur ton Dieu pour marcher sur ses chemins et pour le craindre. (Deutéronome 8, 2.5-6)
Le Seigneur nous invite donc à vivre cette fin de carême d’une façon originale, en renouvelant nos pratiques dans les trois domaines traditionnels des efforts de conversion : le jeûne, la prière et l’aumône.

Le jeûne
Outre les jeûnes habituels en temps de carême – jeûnes de nourriture et de tout ce qui risque de prendre trop de place dans notre vie au détriment de notre relation avec Dieu et avec les autres – les jeûnes auxquels nous sommes contraints aujourd’hui sont au moins de deux sortes :
  Tout d’abord un jeûne qui touche à toute la vie sociale : en famille, au travail, dans nos engagements collectifs et nos loisirs. Nous devons mettre de la distance spatiale dans toutes nos relations et accepter une solitude inhabituelle. Dans ce contexte de privation relationnelle, il nous faut trouver des moyens inédits pour entretenir la proximité avec les autres. Nous avons à inventer humainement et dans la foi chrétienne une sobriété sociale qui nous fera gagner en profondeur et en vérité ce que nous perdons en quantité et en étendue.
  La seconde sorte de jeûne qui nous est imposé touche à notre pratique religieuse dans ses dimensions communautaires et sacramentelles. Nous ne pouvons plus nous rassembler pour avoir recours à la plupart des sacrements. Ce qui nous touche plus particulièrement est le jeûne eucharistique que l’épidémie nous impose : ne pas pouvoir participer à la messe et recevoir le corps de Christ. Pour mieux comprendre ce qu’est la communion de désir ou communion spirituelle, je vous invite à lire la belle prière qui est sur le site du diocèse.

La prière
Sauf sans doute pour les membres des services de santé, les mères de famille et quelques autres encore, il nous est plus facile en ce carême de suivre à la lettre le conseil de Jésus :
Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte et prie ton Père qui est présent dans le secret…
Alors profitons-en !
Mais nous faisons tous l’expérience qu’il est difficile de tenir dans la prière tout seul. Aujourd’hui, s’il n’est pas possible de nous rassembler physiquement pour prier, les moyens de communication en ligne nous offrent de nombreuses possibilités pour soutenir notre prière :
  La messe quotidienne peut être suivie chaque jour sur KTO. Le dimanche, les offres sont nombreuses : KTO, RCF Vendée, mais aussi sur la page Facebook de notre diocèse avec une église différente chaque dimanche et certaines messes de semaine.
  Le chapelet, en particulier celui de la grotte de Lourdes diffusé chaque jour à 15h30 sur KTO et sur RCF. Rappelons-nous le sens premier du chapelet : nous laisser conduire par notre Mère la Vierge Marie pour entrer dans les Mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux de son Fils Jésus.
  Les offices des heures, en particulier les Laudes le matin et les Vêpres le soir, retransmises sur KTO et sur RCF Vendée. La prière des psaumes à la portée de tous les fidèles est un des grands bénéfices de la réforme liturgique. Ces cris du cœur qui constituent le fond de la prière du peuple de Dieu et de Jésus lui-même peuvent nourrir notre prière et lui donner chair.
  Le chemin de croix la méditation de la Parole de Dieu ou d’autres temps de prière proposés par KTO, RCF Vendée et divers sites chrétiens.
Rappelons-nous que nous ne sommes jamais seul dans la prière : bien-sûr nous sommes avant tout en lien avec le Seigneur, mais aussi, par Lui, à travers la communion des saints, avec tous ceux qui sont au ciel et avec toute l’humanité sur la terre. Certes, dans la prière personnelle notre proximité avec les autres n’est pas physique, mais elle n’est jamais plus réelle, profonde et porteuse de fruits que lorsque nous nous laissons attirer par le Seigneur.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus nous le dit à partir de son expérience :
Un matin pendant mon action de grâce, Jésus m’a donné un moyen simple d’accomplir ma mission (de prier pour les autres). Il m’a fait comprendre cette parole des Cantiques : « Attirez-moi, nous courrons à l’odeur de vos parfums ». O Jésus… cette simple parole « Attirez-moi » suffit. Seigneur je le comprends, lorsqu’une âme s’est laissée captiver par « l’odeur enivrante de vos parfums », elle ne saurait courir seule : toutes les âmes qu’elle aime sont entraînées à sa suite…
C’est aussi l’occasion de retrouver le goût d’un rituel de prière en famille chaque jour, avec un joli coin-prière autour d’une icône, d’une bougie…

L’aumône et la miséricorde
Sous la dénomination biblique de l’aumône, c’est la qualité de nos relations aux autres – en priorité aux plus pauvres – qui est visé. Comment l’assumer en ce temps de crise sanitaire et de confinement ?
La première charité est d’appliquer scrupuleusement et avec intelligence les consignes générales données par le gouvernement. Il ne s’agit pas seulement de se protéger soi-même mais aussi et surtout de protéger les autres, à commencer par les plus faibles. Eviter les contacts extérieurs ne veut pas dire arrêter de vivre. Je pense en particulier aux enfants qui ont besoin de mouvements et d’espace !
Ceux qui risquent de vivre le plus difficilement ces restrictions sont les personnes âgées isolées. A nous d’être attentifs pour rester le plus en contact avec elles par téléphone et prendre le temps d’une conversation qui réconforte. Si nous sommes voisins un petit bonjour est bien venu en respectant la distance. Ayons le souci de savoir si quelqu’un fait leurs courses ou leur apporte leur repas. Sinon proposons-leur de le faire pour qu’elles puissent se nourrir correctement.
Ce sont des gestes que beaucoup font déjà. Mais soyons attentifs encore plus que d’habitude et multiplions-les en faveur de ceux qui sont davantage dépendants.
Il y a aussi la vie de famille confinée dans la maison. C’est à la fois une chance et une épreuve. Je pense en particulier aux mamans qui ont souvent une triple charge : maîtresse de maison, gardienne et enseignante des enfants et leur activité professionnelle. En ce 19 mars, fête de la saint Joseph, chef de la sainte famille, je lui confie particulièrement les papas. Que ce temps de confinement, soit le temps de la charité fraternelle ; du respect de la bienveillance, de la patience … que saint Joseph nous aide à les vivre !

En conclusion de mon message pour ce carême inédit, voici les premières et les dernières paroles d’une hymne du temps du carême :

Sois fort, sois fidèle, Israël
Dieu te mène au désert

Poursuis ton exode, Israël
Marche encore vers ta joie !

Le 19 mars 2020, en la fête de saint Joseph, époux de la Vierge Marie
+ François JACOLIN
Évêque de Luçon