Tu as des talents : "Je crois en toi !"
Article mis en ligne le 16 novembre 2008
dernière modification le 5 février 2013

Matthieu 25, 14 - 30 "Seigneur, tu m’avais confié deux talents, en voici deux autres que j’ai gagnés...!"

Nous avons bien souvent commenté cette parabole des talents pour nous justifier dans notre désir de toujours produire plus ou d’inviter les autres à toujours mieux faire, que ce soit nos enfants à l’école ou nos collègues de travail….ou bien dans d’autres domaines de nos vies…C’était un argument moral, un principe pédagogique pour inciter à faire toujours plus, à produire toujours plus… Et cette manière d’agir a été la source d’écarts toujours plus grands entre les catégories sociales des personnes où celles qui avaient plus étaient insitées à produire encore plus. Or Jésus-Christ n’a jamais voulu faire de cette histoire un code de rendement et de profit, ni un plan de développement. Aussi, en terme de hiérarchie de valeurs, la quantité de talents n’a pas d’importance pour Dieu : la valeur d’un être humain ne se mesure pas à la quantité de talents qu’il reçoit ; un talent représentait déjà une somme inestimable ; alors qu’il y en ait un, deux ou cinq, là n’est pas la vraie question de Jésus qui voulait simplement évoquer une diversité des hommes entre eux., sans jamais dire que celui qui avait cinq talents avait plus de dignité que celui qui en avait deux : ce n’est pas là la pointe de cette parabole. Le grand enseignement de cet évangile est que Dieu veut nous associer à ses affaires, c’est-à-dire à son Royaume. Il veut que nous apportions notre part à son œuvre de création en fonction tout simplement de la particularité qui est la nôtre. Le grand malheur de celui qui avait un talent c’est qu’il a rendu son talent tel quel à son maître : il n’ a pas apporté sa part de vie à lui.

Nous entendons chacun des serviteurs venir rencontrer le maître à son retour : « Maître, tu m’avais confié cinq talents ; voici cinq autres talents que j’ai gagnés. » - « Maître, tu m’avais confié un talent… je suis allé cacher ton talent dans la terre : le voici, je te rends ton bien tel que tu me l’avais donné » : nous avons là deux attitudes très différentes : la première est accueil dans la confiance des talents confiés et don de soi-même en retour, l’autre n’est que fermeture à tout. Nous ne pouvons pas rendre à un autre tout à fait de la même manière que lui-même nous a donné…que ce soit lorsqu’on prête quelque chose ou que l’on partage…sinon aucune vie ne peut se transmettre. Lorsque quelqu’un nous confie ce qui lui tient très à cœur, se rajoute comme une « plus-value » de notre part, dans le passage par ce que je suis. Alors lorsque je suis amené à rendre, je suis invité à me donner aussi moi-même dans ce que je rends. C’est dans ce sens là que Dieu nous invite à participer à son œuvre.

Dieu nous veut participants, actionnaires de son œuvre. Il nous place dans un monde rempli de possibilités pour que nous soyons créateurs avec Lui. Nous ne sommes pas propriétaires du monde, nous en sommes les gérants. Sommes-nous de ceux qui donnent d’eux-mêmes ou de ceux qui enfouissent sans rien partager de ce qu’ils sont ? En ces temps difficiles de notre « vivre ensemble aujourd’hui », nous sommes invités à donner de nous-mêmes pour la construction d’un monde plus beau et plus habitable pour tous et pour chacun des êtres humains. Ne laissons pas le don que Dieu nous a fait de la vie, dans son emballage d’origine….nous risquerions alors de faire mourir nos frères.
Un talent ou deux, ou cinq qui resteraient cachés au fond d’un tiroir n’ont absolument pas leur raison d’être ; il vaut mieux les donner à quelqu’un d’autre qui pourrait, lui , s’en servir pour la vie toujours plus belle des hommes. Voilà le sens de la phrase du Christ : « On donnera à celui qui a et on enlèvera à celui qui n’a rien ». Nous n’avons pas le droit de garder la vie pour nous, car alors nous serions complices de la mort de nos frères humains et de l’anéantissement du monde. C’est le sens de cette journée du Secours Catholique. : « Je crois en toi »

Nous avons, chacun et chacune, reçu dans nos cœurs un peu de l’Amour de Dieu pour le monde, un peu de la tendresse de Dieu pour les petits de ce monde blessé, un peu de la justice de Dieu pour les écrasés de ce monde : qu’en avons-nous fait ?

N’ayons pas peur d’ouvrir nos mains et notre cœur pour transmettre la vie !

Louis Morandeau


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