
Il y a un peu plus d’un an, on entendait souvent une chanson de Calogero qui s’appelle « Le portrait » dont voici le premier couplet et le refrain :
Il mélange au fond de sa tasse du miel
Il regarde par le vasistas le ciel
A chaque fois que passe un avion
Il se dit que c’est peut-être elle
Qui passe au-dessus de sa maison :
On lui a dit qu’elle était au ciel.
Refrain : Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère
Dessinée à la craie
Tous les soirs en secret
Ce dessin il le fait
Trait pour trait
À partir d’un portrait.
Vous l’avez compris, c’est l’histoire d’un enfant qui a perdu sa maman, mais cela peut-être aussi l’histoire de chacun de nous qui a perdu un être cher. Le portrait de nos disparus, nous essayons toujours de le dessiner pour en garder le souvenir, pour le faire revivre.
Tous les ans, et c’est aujourd’hui, en paroisse nous faisons mémoire de tous ceux qui nous ont quitté depuis un an, pour dessiner en chacun de nous le portrait de tous ceux que nous avons connus et aimés, de tous ceux qui ont fait partie de notre vie, d’une façon ou d’une autre. Nous ne sommes pas ici des familles juxtaposées les unes à côté des autres, mais la famille chrétienne dans laquelle nous nous accueillons les uns les autres pour prendre part à la peine de tous et vivre ensemble une même espérance.
Cette année, cette journée c’est aussi notre deuxième caté-dimanche sur le thème de la Création, ce qui explique la présence de beaucoup d’enfants.
Pas facile de parler de la mort aux enfants ! Pourtant ça devrait être quelque chose de naturel. Tous les jours des plantes meurent, des animaux meurent, des hommes meurent. Le cycle de la vie peut être court ou long selon les espèces. Une plante annuelle pousse, donne des fleurs, des fruits, des graines puis disparaît dans l’année. Un papillon est éphémère... il ne vit que quelques heures. D’autres plantes, d’autres animaux vivent plusieurs années... Mais un jour, ils meurent. Les humains sont comme les plantes ou les animaux ; ils ne sont pas éternels. Ils terminent un jour leur vie.
On ne connait pas le jour de notre mort, mais que l’on soit jeune ou vieux, on a toujours le temps de semer quelque chose de beau qui va durer au-delà de nous.
Nous, les chrétiens, les amis de Jésus, nous croyons en Dieu qui est le Dieu de la Vie. Si le Seigneur nous a créés, ce n’est pas pour que nous mourions, mais pour que nous vivions.
Parfois, il nous arrive de penser que la mort c’est la fin de tout. Lorsque quelqu’un meurt nous savons que nous ne le reverrons plus, que nous ne le toucherons plus, qu’il ne nous parlera plus... et cela nous amène à penser qu’il n’existe plus. Et pourtant nous essayons de dessiner sa présence au milieu de nous, et parfois de lui parler. Nous sortons les photos, nous regardons les vidéos, nous allons faire une visite au cimetière, nous lui offrons un chrysanthème…
La mort n’est pas une fin mais un passage vers une vie "autre", vers une vie transformée, plus riche, plus épanouie, plus généreuse à l’image du grain de blé semé en terre qui donne ensuite de beaux épis et beaucoup de grains. C’est une histoire que Jésus a racontée un jour.
Oui nous ne pouvons plus voir ceux qui sont morts mais nous gardons en notre cœur leur portrait, leur présence, et nous croyons que du côté des défunts c’est la même chose. Ils sont présents à ce que nous vivons, mais d’une autre manière, à leur façon.
Nous croyons en une communion par-delà la mort. Cette communion s’exprime par notre rassemblement bien plus grand que ce que nous sommes dans cette église. Nous sommes en communion avec les saints du ciel et parmi eux ceux de nos familles. Les cierges qui brillent devant nos yeux disent leur présence au milieu de nous comme le cierge pascal dit la présence du ressuscité.
Réconfortons-nous les uns les autres ! que grandisse notre amour fraternel et que notre foi en la vie éternelle donne goût à ce que nous vivons tous les jours, dans ce monde que Dieu a créé et qu’il a voulu bon pour nous.