Homélie du 1er dimanche de Carême 6 mars 2022
Article mis en ligne le 10 mars 2022

par BFCM

Le carême : une aventure de la foi

Un nouveau carême s’ouvre pour nous ce dimanche, et nous sommes invités, petits et grands à le vivre comme une aventure de la foi, une aventure à la suite de Jésus, une aventure qui va nous transformer, nous renouveler, nous convertir.

L’Évangile de ce premier dimanche nous montre Jésus quitter le Jourdain où il vient d’être baptisé par Jean et, poussé par l’Esprit Saint, aller au désert.
Jésus vient pour nous annoncer le Royaume de Dieu et voilà qu’il semble fuir la compagnie des hommes ! Il vient nous sauver et voilà qu’il part au désert !
Jésus va demeurer quarante jours au désert du combat et de la tentation, de la soif et de la faim. Il va revivre ainsi l’histoire de son peuple qui a vécu dans le désert pendant quarante ans attendant que Dieu lui ouvre un passage vers la terre promise.
Chaque fois que Dieu veut retrouver celui qu’il aime – que ce soit son peuple ou chacun d’entre nous – pour le libérer de ses idoles et le purifier de son péché, il le ramène au désert, au désert de sa terre natale, pour qu’il soit dépouillé de tout, un peu comme un enfant qui vient de naître : se retrouver nu.
Chaque fois que Dieu veut retrouver le chemin de notre cœur pour lui révéler son amour, il nous propose cette aventure de la foi, celle de mettre nos pas dans le désert.

L’appel de Dieu est toujours silencieux. Voilà pourquoi Dieu n’aime pas le bruit, ni celui du monde, ni celui de nos cœurs. Il veut apaiser nos tempêtes. Alors il nous offre le désert comme une terre de rencontre, une terre de fiançailles, une terre d’Alliance nouvelle et éternelle.
Tel est le sens du carême : temps de silence et de rencontre, temps de purification et de conversion, pour que nous retrouvions dans le sable de nos pauvres vies le chemin que Dieu y trace pour nous ramener à lui.

Le sable de nos vies ! Oui, le désert n’est pas forcément très loin. Il n’est pas forcément un lieu géographique. En effet, que sont nos vies d’hommes, de femmes et d’enfants sinon, bien souvent, de longues et terribles traversés de désert ? Des expressions dans nos pensées ou conversations courantes le révèlent : « Le temps est long », « Les temps sont durs ! » ou encore « Je n’en verrai pas le bout », « Je me sens vraiment seul ». Solitude dans un fond de village ou dans l’anonymat d’un quartier, dans sa famille parfois… avec cette impression de ne rien vivre du tout, que tout est fade, que tout est vide, que tout est sec, sans signification.

Ce Jésus qui est passé au désert, nous le savons aujourd’hui ressuscité, et il vient marcher avec nous dans nos déserts. Il veut, ces déserts, les changer en terres fertiles et en lieux de sources. Il veut combler nos solitudes de sa présence. Il veut apaiser nos faims et soifs de sa tendresse et de son pain. Il vient dans nos déserts pour que la victoire de la croix recréé nos cœurs et le monde et pour que l’alléluia de Pâques remonte à nos lèvres en un chant d’émerveillement et de reconnaissance.
Ne pensons pas trop vite que le carême c’est uniquement notre marche vers Dieu ! Nous pensons marcher vers lui, le retrouver à coups d’efforts et de sacrifices, mais en réalité c’est toujours lui qui fait le premier pas, c’est lui qui marche aussi vers nous, c’est lui qui vient à notre rencontre pour nous prendre par la main. Ainsi il n’y a pas de risque de se perdre dans le désert, nous sommes sauvés parce que nous ne sommes pas seuls, parce que nous pouvons mettre toute notre confiance en lui.

Et la présence de Jésus nous rend présents à nos frères. Quand Dieu vient à nous, si c’est vraiment lui, il n’est jamais seul : il y a tous nos frères et sœurs avec lui, tous ceux que nous aimons, tous ceux que nous n’aimons pas assez, tous ceux que nous n’aimons du tout. Le carême est donné pour nous réconcilier avec eux en même temps qu’avec Dieu. Cette aventure de la foi nous conduit à une ouverture de la foi. Voilà pourquoi le carême nous invite au jeûne pour être davantage disponible et à la prière (la rencontre du Seigneur) et au partage (la rencontre des frères).

Le carême nous prépare à la rencontre du ressuscité dès aujourd’hui pour le fêter d’une manière éclatante à Pâques. La rencontre du Ressuscité nous aide à traverser les déserts qui existent en chacun de nous et entre nos frères et nous.
Ces pas dans le désert, faits dans l’aventure de la foi, doivent nous conduire à dire quand on accueille quelqu’un, et le Christ à travers cette personne, « je sais aujourd’hui que c’est Pâques puisque j’ai la joie de te voir ».

Abbé Thierry