
L’église St Vincent de Nieul sur l’Autise.

On ne peut séparer l’histoire de l’église Saint-Vincent de Nieul de l’abbaye du même nom. L’abbaye a été fondée en 1068 par des chanoines génovéfains, appelées par le seigneur de Vouvant, maître des lieux, pour y fonder un monastère pour le salut de son âme. Son passé d’abbatiale explique la majesté des proportions de l’église, encore ont-elles été diminuées par rapport à celles qu’elles furent au XIIe siècle. La construction de l’église s’est réalisée en deux campagnes. Dès la fin du XIe siècle, les chanoines bâtirent le chœur qui leur servit de chapelle temporaire. Les églises romanes débutaient, en effet, leur construction par le chevet. Il ne subsiste de cette époque que les deux piliers du transept. Il possède les deux plus anciens chapiteaux historiés de l’église : celui du pilier nord représente un âne mangeant la vigne (légende de saint Vincent) et celui du pilier sud, deux taureaux affrontés.
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Au début du XIIe siècle s’acheva la construction de l’abbatiale, nef et façade. Il semblerait qu’à l’origine la nef initiale était prévue sans bas-côté. Le mur du transept sud conserve la trace d’anciennes ouvertures faisant communiquer le chœur et le cloître.
Le chœur, construit au premier temps de l’abbaye, fut démoli lors des incendies des guerres de religion. En 1860, on lui flanqua un mur à la hauteur des absidioles. Il doit son visage actuel à la restauration de 1864. Le transept remonte à la même époque. Il a connu des modifications à la Renaissance. L’inclinaison des piliers, curiosité s’il en est, s’explique par un tassement de la voûte au cours des siècles et surtout par l’effondrement du mur nord au XVIIIe siècle qui a déséquilibré l’édifice. La restauration de 1864 a consisté à relever le mur nord, refaire les voûtes nord et centrale, construire le chœur et poser un nouveau clocher.



L’autel consacré en 1937 est placé à la croisée du transept, sous la voute céleste que symbolise le clocher.
La façade représente des caractères typiquement poitevins, la division tripartite, portail-fenêtre-fronton, l’absence de tympans et des arcatures aveugles. A l’origine, elle se terminait par un fronton, remplacé par un clocher massif au XIIIe siècle puis par l’actuel, fin XIXe.
Elle offre une variété de chapiteaux et d’éléments décoratifs dignes d’observation, répartis sur toute la façade. On y distingue sur les voussures des fenêtres latérales, des damiers, sous les fenêtres, des éléments géométriques et, sous la fenêtre centrale, des entrelacs.
Les chapiteaux de la fenêtre centrale représentent à gauche des chats, symboles de la nuit et des basilics, symboles du mal ; à droite la lutte de l’homme et de la bête, puis le combat de l’aigle, roi du ciel et du lion, souverain terrestre. Ils évoquent les épisodes clés de la vie du Christ : la naissance (Mathieu), la mort (Luc), la résurrection (Marc) et l’ascension (Jean). Tandis que ceux des fenêtres latérales représentent de la floraison et des singes pris dans des lianes au sud. Deux frises servent de transition entre les deux étages de la façade. La plus petite est composée de feuilles d’acanthe et l’autre de masques restaurés au XIXe. Les chapiteaux du portail nord, identiques à ceux du réfectoire, représentent à gauche des oiseaux dans une barque et des centaures sagittaires, et à droite des lions affrontés et des chevaux ailés.
Plus intéressants, ceux du portail central mettent en scène les sept péchés capitaux, ceux dont les fidèles doivent s’éloigner avant d’entrer dans le sanctuaire : à gauche, l’avarice, deux marchands juifs pratiquant l’usure (condamnée par l’Eglise au Moyen-Age), ou Judas livrant le Christ. La paresse, refait au XIXe. La jalousie, Cain tuant Abel. Et l’orgueil, refait au XIXe. À droite, l’orgueil, un paon. La colère, deux hommes armés se déchaînent contre un animal. La gourmandise, Adam et Ève et le serpent. La luxure, Joseph et la femme de Putiphar. Les voussures du portail central reproduisent, en partant de l’extérieur, des pointes de diamants, des voûtes, des volutes, des peltes et des palmettes.
