
Il y avait beaucoup moins de monde que ce matin, le matin de la résurrection. Jérusalem était déserte, Jérusalem dormait.
Seule une femme, Marie-Madeleine s’en va au tombeau. On ne l’avait pas autorisé à embaumer le corps de Jésus à la descente de la croix. Elle y va en cachette, dans l’obscurité. Elle refuse de croire que tout est fini.
Puis ce sont deux disciples : Pierre et Jean, le plus âgé et le plus jeune. Ils ne courent pas à la même vitesse. Que se passe-t-il dans leur tête après les événements tragiques des derniers jours ? Qu’est-ce qui les amène à venir au tombeau ? Quelle force ?
Ce matin, nous sommes beaucoup plus nombreux. Pourquoi sommes-nous venus ? Nous ne sommes pas venus constater un tombeau vide. Mais nous avons mis notre foi en Marie-Madeleine, Pierre et Jean.
Tous n’ont pas cru aussi vite, il faut du temps pour comprendre, pour accueillir une nouvelle aussi invraisemblable bien que Jésus les avait préparés… que toutes les Ecritures l’avaient annoncé…
Il est vrai que nous ne sommes pas tous égaux pour accueillir un tel événement. Nous n’avons pas la même histoire, nous sommes plus ou moins prêts pour accueillir cette bonne nouvelle dans nos vies, nous doutons très fort et le doute nous empêche de croire davantage alors qu’il peut nous motiver pour comprendre, rechercher, accueillir…
Finalement, pourquoi sommes-nous là ce matin ? Pour fêter Pâques, allez-vous me dire ! Oui, mais encore ? Que sommes-nous venus chercher, puiser dans la résurrection du Seigneur ?
Peut-être une belle célébration qui va nous conforter, parce qu’on a besoin de se retrouver, d’entendre une parole qui va nous relancer, de retrouver des amis qui vont nous soutenir, de réaliser que nous ne sommes pas seuls comme Marie-Madeleine, Pierre et Jean et qu’on a besoin de sortir au grand jour, qu’on a besoin de la foi des autres…
Peut-être parce que nous avons vécu un deuil récemment et qu’on a besoin d’entendre encore une fois que la résurrection de Jésus appelle notre propre résurrection, celle de nos défunts mais aussi la nôtre pour continuer notre chemin comme pèlerins de l’espérance…
Peut-être parce que nous sommes curieux… nous avons entendu dire dans les medias que 10000 adultes ont été baptisés cette nuit en France… et nous nous disons : qu’est-ce qui se passe pour que tous les ans le nombre des baptisés adultes augmente de façon considérable… et face à cette curiosité je me dis : où en suis-je moi dans ma foi, dans ma vie de baptisé ?
Dans notre paroisse, ce sont trois adultes qui ont été baptisés cette nuit, deux jeunes enfants qui font l’être pendant cette messe, et quatre bébés qui vont l’être après la messe. Que se passe-t-il alors qu’il y aurait tant de raisons d’en vouloir à l’Eglise qui traverse une période difficile ?
Peut-être tout simplement faire ses Pâques, selon l’expression… mais faire ses Pâques, est-ce aussi simple que cela ? Est-ce simplement être en règle avec une pratique ou est-ce de se dire que c’est tous les jours que je fais des Pâques, que j’ai à vivre des pâques, c’est-à-dire des passages pour être plus vivant, pour passer de la nuit à la lumière, de la peur à l’audace, du repli sur soi à l’ouverture aux autres, de la solitude à la communion, de l’égoïsme au partage, de la nostalgie qui fait baisser les bras à l’avenir qui nous ouvre les bras…. Passer du rite à exécuter à la route à inventer avec le Christ…
Si nous sommes là
c’est parce que la résurrection du Christ retentit encore aujourd’hui. Elle n’a pas fini de se faire entendre dans le cœur de chacun comme dans les événements du monde et du cosmos.
C’est parce que la résurrection du Christ nous crie qu’il y a en chacun de nous des possibilités extraordinaires d’aimer, de pardonner, de prendre des risques que nous ne soupçonnons même pas, parce que le péché les emprisonne.
C’est parce que la résurrection du Christ sauve l’amour. Nous sommes faits pour aimer beaucoup plus, beaucoup mieux, comme seul Dieu sait aimer, un amour sans limite.
La vie de Pâques, ce n’est pas seulement Jésus qui se réveille d’entre les morts, c’est la victoire de l’Amour, le cadeau que Dieu offre à l’humanité. Pèlerins de l’espérance et ressuscités en espérance, témoignons de cette vie et de cet amour, là où pour beaucoup encore tout est mortel et pas digne d’être aimé.
Oui la résurrection de Jésus n’a pas fini de retentir dans le monde et en chacun de nous. A nous disciples du Christ de faire mémoire de cet événement :
Car Pâques c’est la mort de la mort, c’est la Vie au-delà de la vie. C’est la vie née de la mort du Christ en croix. Et c’est la source de notre foi, d’une foi à transmettre. A qui allons-nous le dire aujourd’hui ?
Th.Piet