Homélie du dimanche 22 novembre 2020 : fête du Christ-Roi.
Aimons et n’ayons pas peur de la miséricorde de Dieu !
Article mis en ligne le 21 novembre 2020

par Thierry Piet

Aimons et n’ayons pas peur de la miséricorde de Dieu !

Drôle de procès que ces assises universelles !
  Parce que beaucoup de gens n’ont pas l’air de se douter qu’il aura lieu. Pourtant leur vie est en jeu.
  Parce que le dossier, loin d’être tenu secret, sera publié et tout le monde en aura connaissance.
Très surprenant, en effet.

Oui, ce jour-là, des questions nous seront posées, mais pas celles que l’on croit !
  On ne nous demandera pas si nous sommes des fervents de St Benoît ou de Ste Rita.
  On ne nous demandera pas si nous avons été de bons pratiquants, au sens étroit du mot, c’est-à-dire si nous n’avons jamais manqué la messe et toujours fait nos prières.
Non ! On ira tout droit à l’essentiel : si nous avons aimé ou pas, notre prochain et Dieu, Dieu à travers notre prochain.
  On nous demandera si nous avons aimé ceux que nous rencontrons tous les jours à la maison, à l’école, au travail, dans la rue, dans les magasins, dans les loisirs…
Nous serons interrogés sur l’attention que nous aurons eue pour les autres.

C’est alors qu’un avocat se présentera. Et chose incroyable, l’avocat c’est le même que le juge ! Le Christ ! Il va plaider devant lui-même. Il ne plaidera ni sur le fond ni sur le droit, ni les circonstances atténuantes, ni l’enfance malheureuse… Il présentera tout simplement un recours en grâce : « Père, sois indulgent : je suis mort sur la croix pour eux. »

On entend souvent : « Je n’ai pas tué, je n’ai pas volé. » C’est déjà quelque chose, mais c’est du négatif. Que faisons-nous en positif ?

Les chrétiens sont les serviteurs du Christ.
  Un serviteur qui ne sert pas, est-ce un vrai chrétien ?
  Un chrétien qui ne christianise pas autour de lui, est-ce un chrétien ?
  Un chrétien qui n’est pas missionnaire, est-ce encore un chrétien ?
Cette dernière phrase, je l’ai prononcée dans une homélie depuis l’été dernier ; quelqu’un qui l’avait entendue était venu me dire combien cette phrase était dure et le bousculait parce qu’elle rejoignait quelque chose de profond en lui.
  Tout chrétien n’est-il pas prophète par son baptême ?
  Il est aussi roi, mais à la manière du Christ serviteur que nous fêtons aujourd’hui, car c’est dans le service et l’amour que sa royauté s’exprime pleinement.

Dans ces temps difficiles de crise sanitaire et économique, à l’approche des fêtes de fin d’année, notre générosité est souvent sollicitée. Nous recevons tous les jours des appels aux dons. Bien sûr, il ne s’agit pas de répondre à tout, même si tout devient important et urgent aujourd’hui. Faisons plutôt un discernement, choisissons en fonction de nos capacités et nos sensibilités sans oublier qu’autour de nous, pour du concret, il y a aussi des demandes, des appels, parfois à deviner. La collecte de la banque alimentaire qui devrait avoir lieu le week-end prochain sera l’occasion de manifester cette charité que le Seigneur nous appelle à vivre avec nos prochains.
Le confinement n’est pas une invitation à nous replier sur nous-mêmes. Au contraire, il nous fait percevoir que nous avons besoin des autres pour exister, pour donner, pour recevoir. Et c’est l’amour qui nous fait sortir de nous-mêmes, comme le Christ, sorti, né de Dieu, est l’expression parfaite de l’amour de son Père pour chacun de nous.
  C’est à l’amour que nous serons jugés.
  Juger ne veut pas dire essentiellement condamner, mais distinguer, trier entre ce qui doit rester et ce qui doit être écarté.
  Le jugement mettra au jour ce qui a eu de la valeur, il rendra ainsi éternel ce que chacun aura choisi de faire ou d’être dans le temps passager de sa vie. Tout prendra un caractère sérieux et décisif, même les gestes les plus banals comme de tendre un verre d’eau ou précisément de ne pas le tendre.
C’est cela l’objet du jugement.

Mais ce qu’il y a le plus extraordinaire, c’est que, en fin de compte, il y ait l’espoir d’en sortir.
L‘avocat, identifié au juge, on n’a jamais vu dans aucun tribunal au monde. C’est que, en Dieu, la bonté prime la justice. Encore faut-il que le juge ait devant lui des prévenus honnêtes. De fait, un coupable qui se reconnaît tel fait preuve d’honnêteté.

Alors qui sera à droite et qui sera à gauche ? Je pense que tout le monde sera plus ou moins à droite et plus au moins à gauche. Une partie de l’histoire de chacun de nous sera pour le Royaume, une autre partie, de chacun, sera pour la destruction, le déchet.
N’est-ce pas consolant et encourageant ?
En tout cas, n’ayons pas peur de la miséricorde qui nous sera faite ce jour-là.

Abbé Thierry Piet

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