
Nous voici un petit nombre pour entrer en Avent.
On pourrait le regretter, mais prenons ces conditions comme une bénédiction et non pas comme une malédiction. L’Église a connu bien des épreuves et elle s’en est toujours sortie parce que le Christ est là.
Celui que nous nous nous apprêtons à fêter dans sa naissance à Noël n’a jamais abandonné son Église et nous pouvons être assurés de sa présence. N’a-t-il pas dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom je suis là au milieu d’eux » ?
L’Évangile de ce premier dimanche nous appelle à veiller.
Comme autrefois au temps des veillées à la maison, ce verbe « veiller » vient prendre tout à coup une signification plus concrète en ce temps de confinement et bientôt de couvre-feu.
En ce temps de pandémie où les personnels de santé sont sur le qui-vive, pensons à la maman qui veille son enfant la nuit parce qu’il est malade. Elle va faire attention, prêter l’oreille pour écouter s’il ne s’étouffe pas, s’il ne pleure pas.... Elle va attendre une respiration plus calme, une baisse de la fièvre, une guérison…
Cette maman veille parce que son enfant compte beaucoup à ses yeux ; il est important pour elle ! Elle veut qu’il vive !
En ce temps du Vendée-Globe, pensons au marin qui veille la nuit sur son bateau. Il scrute la mer. Il fait attention aux écueils, aux autres navires qui voguent dans les environs, à la force du vent, à la houle, il surveille…Tout marin se tient éveillé en attente de la lumière du jour, d’une accalmie, de la relève s’ils sont plusieurs sur le bateau...
et là, le marin veille d’autant plus parce que la vie de tous les membres de l’équipage compte pour lui.
En ce temps où nous rêvons de printemps, pour sortir de chez nous, renaître, revivre, pensons au jardinier qui veille sur son semis. Il arrose la terre, protège la petite pousse, la nourrit.
Ce jardinier veille parce qu’Il sait que cette graine va grandir, s’épanouir, fructifier...
Veiller, c’est faire attention, écouter, scruter, s’occuper de, nourrir, protéger, attendre...
Alors dans nos maisons, dans nos crèches et jusque dans nos cœurs, allumons une à une, de dimanche en dimanche, les bougies de l’avent.
Une maison éclairée est une maison en attente.
Un cœur éclairé est un cœur en attente.
Le verbe « veiller » fait penser au verbe « surveiller ». Nous sommes invités en cet avent
– à surveiller nos vies,
– à rendre ses sentiers droits,
– à faire relecture de ce que nous vivons à la lumière de la Parole de Dieu,
– autrement dit à nous convertir…
Le vrai combat à mener, il est là. Il ne s’agit pas de manifester pour sauver l’institution même si la situation actuelle nous désole et nous offusque, mais de nous manifester devant le Seigneur pour accueillir ce qu’il veut nous donner à travers cette épreuve et pour changer en nos cœurs les vrais obstacles qui nous empêchent de l’accueillir et de rencontrer.
Le verbe « veiller » fait penser aussi au verbe : « éveiller ». Oui, toujours à la lumière de sa Parole, et à la lumière de nos petites bougies de l’Avent,
– restons éveillés pour le Seigneur qui vient
– et laissons-nous éveiller par Lui qui est déjà là et qui nous ouvre à l’espérance.
Que notre attente ne soit pas un repli sur nous, mais une attente active du Christ en nos vies qui nous invite à être proches, à l’écoute, au service des autres comme lui-même l’a été et l’est toujours.
– Laissons allumée la lumière de notre cœur pour être attentifs aux autres, pour laisser la vie de Jésus grandir en nous et porter à notre tour des fruits de paix, amour, générosité et pardon...
Veiller comme la maman…
Surveiller comme le marin…
Éveiller comme le jardinier…
Veillons à être tout cela et à le demeurer.
Que notre petite assemblée de ce jour, en union avec toutes celles qui vont se rassembler ces semaines qui viennent, soit signe de cette fraternité et de cette communion que nous voulons vivre en Christ Jésus qui nous réveille et nous sauve.