Homélie du dimanche 17 janvier 2021, 2ème dimanche temps ordinaire
Quelle est la place du corps dans la vie chrétienne ?
Article mis en ligne le 31 janvier 2021

2ème dimanche B
1 Samuel 3,3b-10.19 ; 1 Corinthiens 6,13c-15a. 17-20 ; Jean 1,35-42


Quelle est la place du corps dans la vie chrétienne ?

St Paul nous invite à réfléchir à cela, ce dimanche.
Le corps est au centre de nos préoccupations, et la pandémie ne fait qu’accentuer ce souci.
  On écoute l’avis des scientifiques
  On nous détaille en long et en large les symptômes de la covid et les gestes barrières qu’il faut respecter…
  On parle de vaccinations
  … du mal être de la jeunesse
  On nous sert des émissions de télé sur le sommeil
  Et plus largement on vote des lois sur le début et la fin de la vie
  On parle de pédophilie et d’inceste
  Et dans d’autres registres, on exalte le sport
  On dit les bienfaits de la marche, de la méditation, de la sieste.
  Et le corps est aussi un organe de production : il faut travailler pour « gagner sa vie », comme on dit
  C’est par le corps que l’on exprime aussi la tendresse, l‘amitié, l’amour
  Dans ce domaine, le virtuel ne remplacera jamais le présentiel.
  Le corps, c’est aussi la naissance d’un enfant, l’adolescence, l’âge adulte, celui de la retraite, de la vieillesse, de la mort, de l’inhumation ou de la crémation, de la résurrection ou de la réincarnation.
  On parle aussi de corps social, de corps médical, de corps militaire, de corps ecclésial…
  Et il y a les philosophies autour du corps. L’Eglise a su les emprunter et les dépasser pour, en utilisant le langage des hommes, dire quelque chose de sa foi en Dieu et en l’homme.

St Paul dit, dans la plus grande tradition biblique, que l’âme et le corps ne font qu’un, car chaque personne est indivisible.
Quand dans la Bible il est question d’âme, le plus souvent il s’agit du pronom personnel « Je » qui désigne la personne dans son ensemble ;
  par exemple, dans le Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur »
  ou dans un psaume ; « Mon âme a soif du Dieu vivant »
  ou encore quand Jésus dit à Gethsémani : « Mon âme est triste à en mourir ».

De même, dans la Bible, et plus particulièrement dans le Nouveau testament, le corps désigne la personne sous son aspect extérieur et visible, au point que le mot « Corps », comme le mot « Âme » peut équivaloir lui aussi au pronom personnel « Je », en particulier dans la première Lettre de St Paul aux Corinthiens que nous avons, ce dimanche.

Ainsi, le péché contre le corps désigne le péché contre la personne tout entière dans l’expression que cette personne donne d’elle-même à travers ses relations familiales, sociales, ecclésiales, amicales, sexuelles, etc…

St Paul ne fait aucune liste de péchés du corps, mais seulement de la chair, dans la lettre aux Galates ; la chair qui, elle s’oppose à l’esprit. Et la chair, i.e. (c’est-à-dire) notre condition humaine dans un corps mortel peut devenir péché dans la mesure où elle se glorifie devant Dieu : autrement dit, nous sommes gravement pécheurs quand nous voulons devenir Dieu.

Mais laissons cette distinction chair/esprit pour ne garder que celle qui nous intéresse aujourd’hui.

Les deux autres lectures de cette liturgie nous parlent d’appels, de vocations. Dans la réponse que nous avons à donner, c’est tout notre être qui doit s’engager, corps et âme. Il ne s’agit pas de dire oui avec son âme tout en laissant le corps dire non.
Cette réponse d’amour que nous avons à donner au Seigneur qui nous appelle, c’est la foi  : elle engage tout notre être, toute notre personne, dans toutes ses dimensions, car notre être est indivisible.
Autrement dit, il n’y a pas que notre cœur qui intéresse Dieu, notre corps l’intéresse aussi. Il ne se serait jamais incarné en Jésus si le corps, pour lui, ne comptait pour rien. Un corps créé par Dieu, sauvé par le Christ et habité par l’Esprit, ce corps promis à la résurrection en union avec le Christ.

Qu’est-ce que la vie morale sinon ce domaine de la foi qui est réponse d’amour à l’appel du Seigneur. Et l’appel fondamental, c’est l’appel à la sainteté, au bonheur de Dieu.

Alors, qui que nous soyons, petits, jeunes, plus âgés, que nous soyons à la découverte de notre corps et de ses capacités ou que nous en connaissions déjà toutes les faiblesses, les fatigues, la maladie peut-être… soyons à l’aise avec ce corps qui nous est donné, respectons-le, aimons-le pour ce qu’il est…
c’est avec lui que nous entrons en communication avec nos frères et avec Dieu,
c’est avec lui que nous pouvons répondre au Seigneur qui nous invite à vivre et à aimer et à lui rendre gloire.
Notre corps est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps.

Thierry Piet, curé


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