
Apprendre à ressusciter.
(Sur une base de Charles Singer)
Sur les chemins quotidiens de notre vie où il nous précède et nous attend, Jésus nous apprend à ressusciter.
Car la résurrection n’est pas un état final qui adviendrait brutalement à notre mort : c’est une éclosion, c’est une avancée.
On parle de résurrection comme d’une nouvelle naissance.
Notre naissance c’est une éclosion, une mise au jour. Ce jour-là nous avons vu la lumière pour la première fois, elle nous a éblouis. Nous avons poussé notre premier cri, il a retenti, cette première parole a dit la vie.
Puis, plus tard, nous avons appris à tenir debout, à faire nos premiers pas… et tous les jours nous sommes allés d’apprentissage en apprentissage… dans tous les domaines de la vie, non sans tomber parfois, mais nous avons appris aussi à nous relever, et nous avons accepté que quelqu’un nous relève, nous donne la main, nous accompagne, nous emmène toujours plus loin.
Eh bien, Jésus nous apprend à ressusciter comme on apprend à faire ses premiers pas et à se tenir debout.
A la suite de Jésus, vivre c’est apprendre à ressusciter, c’est apprendre à vivre en homme et en femme chaque jour de façon humaine tout simplement.
Après la mise au jour qui a été notre venue dans ce monde, il y a la mise à jour quotidienne, car chaque matin est une nouvelle naissance, chaque matin, on peut le dire, est une résurrection : nous nous levons, nous repartons avec nos acquis, prêts à en accueillir d’autres, en se formant, en accueillant ce que la vie nous donne, ce que nos frères en humanité nous donnent à voir et à vivre, ce que Dieu lui-même nous révèle de lui quand nous essayons de le connaître.
Et plus nous grandissons, plus nous apprenons que vivre, c’est plus que survivre, c’est aussi donner la vie, donner sa vie, c’est apprendre à donner de soi… aux autres… à Dieu. Comme Jésus a donné sa vie !
C’est apprendre à croire que Dieu se consacre au bonheur du monde et que nous y sommes invités aussi. Jésus nous a sauvés.
Dieu n’a pas créé ce monde pour que nous soyons malheureux, sans espoirs, sans espérance, pour que nous vivions sans amour et sans foi. L’espérance est le moteur de notre amour et de notre foi. Jésus nous l’a appris par ses gestes, ses paroles, sa vie tout entière donnée.
Et la vie nous apprend, ou plutôt Dieu nous apprend à travers la vie, que nous traversons, ressemblant parfois à un passage de la Mer Rouge ou à un Chemin de Croix, a un sens et que la mort est un passage vers cette vie déjà commencée mais qui ne finira pas, transformée dans l’éternité de Dieu. Jésus l’a vécu.
Ressusciter c’est alors apprendre à aimer à la façon de Dieu, à écouter l’Esprit de Dieu en nous, à laisser vivre le Christ en nous.
C’est apprendre à s’arracher au mal, à partager avec chacun ce qui est nécessaire à la vie, à refuser des situations indignes de l’être humain.
C’est lutter, ne pas se taire quand la qualité de la vie et de l’amour est en cause.
C’est apprendre à vivre selon l’Évangile parce que c’est le chemin tracé par Jésus et sur lequel il nous précède afin de nous introduire dans la résurrection.
Oui Seigneur, apprends-nous à ressusciter !
Beaucoup d’adultes et d’enfants vont être baptisés en ces fêtes de Pâques, comme Faustine et Salomé tout à l’heure.
On parle aussi du baptême comme une renaissance, une nouvelle naissance, et des nouveaux baptisés comme des néophytes qui veut dire « nouvelles plantes ».
A notre baptême, nous avons été plongés dans le Mystère Pascal, c’est-à-dire dans la mort et la résurrection du Christ. Nous sommes donc des ressuscités, en espérance certes, mais des ressuscités ! c’est à dire des gens qui apprennent jour après jour à vivre du mystère pascal, à vivre de la résurrection en sachant que pour nous la croix est présente certains jours et que nous pouvons toujours la rencontrer tant que nous ne serons pas totalement éveillés au Jour de Dieu.
Car seul le Christ est vraiment ressuscité. On devrait dire « réellement ressuscité ». mais il nous précède… ça veut dire qu’un jour, nous aussi nous serons comme lui. C’est la foi et l’espérance chrétienne.
Oui, Seigneur, apprends-nous à accueillir ta vie, apprends-nous à ressusciter.
Abbé Thierry Piet.