Décès du Père Marcel Maingourd- Textes des interventions lors de sa sépulture.
Article mis en ligne le 20 décembre 2021
dernière modification le 15 janvier 2022

Le Père Marcel MAINGOURD, Missionnaire de la Plaine, est décédé à la Maison de retraite du Clergé du Landreau aux Herbiers le samedi 18 décembre 2021. Il était dans sa 91ème année. Il a été curé de notre paroisse Ste Marie en Plaine et Marais de 2002 à 2007.

La célébration religieuse, présidée par Mgr François JACOLIN, a eu lieu mercredi 22 décembre 2021 à 14h30 en l’église de Chaillé les Marais et suivie de l’inhumation au cimetière de Chaillé les Marais.


Interventions et homélie lors de la sépulture

Présentation de Marcel Père Gérard Boudaud, missionnaire de la Plaine et de Ste Thérèse.

Marcel est né le 1er mars 1931 sur l’île d’Yeu, dans une famille d’artisan du bâtiment. Il se situait au milieu de la fratrie de 7 enfants. La maman et étant quand il avait 5 ans, toute son enfance a été difficile, pour lui et pour son entourage.
Mais il a eu finalement une formation longue et sérieuse. Il s’est beaucoup investi dans la formation spirituelle, à l’école de Sainte Thérèse de Lisieux et de Saint Ignace de Loyola. Il soulignait même volontiers combien sa formation militaire, jusqu’au grade de lieutenant pendant la guerre d’Algérie, a été pour lui bénéfique.
À 75 ans, il résumait sa vie en disant qu’il a été longtemps à la fois en responsabilité dans la congrégation (de 1968 jusqu’en mai 2016) et dans des responsabilités pastorales très diverses (de 1960 à 2006).

En 1960, sortant du noviciat et juste ordonné prêtre, il est nommé vicaire à l’Aiguillon sur mer, mais propulsé aussitôt en responsabilités de curé, car son curé doit partir en sana.
Deux ans plus tard, il est nommé à Beauvoir sur mer pour faire un tandem incroyable avec le père François de l’Épinay qui a été longtemps aumônier général des armées… Au bout de 4 ans, François part en Amérique du Sud, et Marcel va devenir bientôt curé-doyen de ce secteur pastoral que les Missionnaires de la Plaine organisent pratiquement comme le feront les « paroisses nouvelles » 30 ans plus tard…

En 1972, Marcel débarque à Chaillé les marais avec une communauté de 5 Missionnaires de la Plaine plutôt jeunes, associés à une communauté de sœurs Oblates de Sainte Thérèse, pour re-fonder ensemble un centre spirituel profondément renouvelé.
Après 5 années bien remplies, en 1977, Marcel est envoyé en Seine-Saint-Denis, avec d’autres Missionnaires de la Plaine et d’autres prêtres diocésains, pour servir l’Église en mission ouvrière.

En 1984, il revient en Vendée pour être curé du secteur de Saint Michel en l’Herm ; en même temps, il est élu supérieur diocésain des Missionnaires de la Plaine, et il assure aussi, avec d’autres, un service d’itinérance dans les paroisses.
Tout cela le ramène,en I991, au centre spirituel l’immaculée, avec une équipe renouvelée, puis il est pendant 5 ans curé de Benet (Sainte-Marie en plaine et marais).

En 2007, il est de nouveau au centre spirituel, mais comme simple membre. Mais en même temps il est exorciste, et chargé de la coordination des exorcistes du diocèse.

En 2011, nommé à la maison-mère, il commence à se mettre en retraite ; mais aussitôt on lui demande de devenir administrateur paroissial de Saint-Jacques du Val Graon (Moutiers les Mauxfaits) tâche où il s’est bien plu pendant un an. Après quoi il se met vraiment en retraite, tout en assurant quelques services pastoraux dans le doyenné de Luçon.

Fin août 2018, sa surdité lui compliquant la vie, il est envoyé au Landreau, comme il l’avait demandé.


Homélie (Jean 3,25-30) Père Clément Pichaud, supérieur de la Congrégation des Missionnaires de la Plaine et de Ste Thérèse.

« Il faut que lui (Jésus) grandisse, et que moi je diminue. » Marcel nous a répété cette phrase je ne sais combien de fois, ces toutes dernières années.
Marcel m’a toujours impressionné pendant ses 60 ans d’activité. Il m’impressionnait par son efficacité, et peut-être plus encore par son discernement, son savoir-faire pour décider, son art pour passer à l’action et entraîner les autres à en faire autant. Et cela dans toute la palette des ministères très divers qui lui ont été confiés : curé, accompagnateur de personnes et de groupe, mais aussi professeur de moteur diesel pour les jeunes marins afin qu’ils puissent passer leur permis de conduire les bateaux, prédicateur de retraites, responsable de communautés religieuses, exorciste… Que sais-je encore ?
Marcel m’a fait peur, quand il a commencé à peiner sérieusement, dans son travail, et aussi dans sa vie de tous les jours, surtout quand il devenait obnubilé par ses problèmes de surdité croissante. Il m’a étonné, émerveillé, quand il est venu me demander (à moi qui étais devenu son supérieur) : « ne faudrait-il pas que je quitte la maison-mère pour aller au Landreau (l’Ehpad des prêtres de Vendée) ? »
Il serait très intéressant, et instructif pour nous, de chercher comment il a su être inventif et entreprenant dans ses diverses initiatives missionnaires. Mais, là où nous en sommes de notre histoire personnelle et collective, il me semble plus instructif de scruter la dernière période de sa vie, car elle est moins connue de beaucoup, et c’est là aussi qu’il a eu à essayer d’être missionnaire.
En janvier 2019, alors que nous étions tous réunis pour commencer à préparer notre chapitre (qui sera peut-être le dernier), Marcel nous a expliqué : « il y a un an déjà, j’ai été éclairé par ce fait que Jésus a vécu sa mission pendant 30 ans, 3 ans et 3 jours. Les 30 ans de Jésus correspondent à mes 27 années de formation. Ses 3 ans de vie publique correspondent à mes 60 ans d’activité. Et maintenant je suis dans les 3 jours de la passion. Je vois bien que je cherche à prolonger ma deuxième étape (celle des activités). Mais je dois entrer dans la troisième. Demander à mon supérieur d’aller au Landreau, je l’ai fait pour que ce soit un envoi, et non pas que j’y sois obligé à cause de mon état. Il m’a fallu 6 mois entre le moment où j’ai posé la question et le moment où je suis parti… Peu à peu je trouve l’adaptation. »
Depuis 2 ans, dans nos rencontres de congrégation, il intervenait moins parce qu’il peinait de plus en plus à s’exprimer mais il est souvent revenu avec force sur la fameuse phrase de Jean-Baptiste : « il faut qu’ils grandisse, et que je diminue ! » Le 8 septembre 2019, la foule venue en pèlerinage au centre spirituel a été très marquée quand il a dit publiquement : « c’est cette phrase de Jean-Baptiste qui désormais guide ma vie ! » Il me semble qu’au début il soulignait surtout la richesse spirituelle formidable qu’il en retirait : « quand je consens à mes diminutions, le Christ grandit en moi ! Je le laisse agir pour me transformer ». Par la suite, il soulignait de plus en plus l’appel constant à diminuer : « pour que le Christ grandisse en moi, il faut que je consente à telle diminution, puis à telle autre, et ainsi de suite… » Marcel a beaucoup cherché à maîtriser et mesurer les diminutions progressives qui se sont imposées à lui. Mais jusqu’à quel point peut-on maîtriser la dé-maîtrise qui caractérise notre vieillir humain ?
Nous pouvons habiller nos reculs successifs avec les mots de l’offrande : « Seigneur, prends ma vie, mon intelligence, ma volonté… » Mais nous devrions peut-être préciser, comme le faisait une jeune handicapée : « Seigneur, tu sais bien que ce que tu m’as déjà pris, c’était sans ma permission. » Oui, le consentement peut venir après coup, mais l’offrande n’en est pas moins belle…
Le plus étonnant, et le plus douloureux pour Marcel, c’est qu’après s’être si bien préparé (de loin) à diminuer et disparaître, son esprit semble s’être égaré. Nous ne saurons sans doute jamais pourquoi. Mais Jésus lui-même n’a-t-il pas fini par crier : « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Et seuls sans doute les plus proches ou les plus attentifs ont pu entendre ou deviner : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. »


Expression pour la Fraternité Missionnaire de la Plaine et de Sainte Thérèse Thérèse Jaud

Missionnaire dans l’âme (on pourrait même dire « jusqu’au bout des pieds ! »),notre frère Marcel en a fait des pas, ou plutôt « des enjambées », au propre comme au figuré, pour rejoindre ses frères et sœurs et l’faire grandir en humanité comme en Fraternité ! Pas question avec lui de piétiner, ni de faire du surplace.

Marcher, avancer, grandir…des mots qui habitaient Marcel et qu’il nous laisse aujourd’hui pour continuer notre chemin en Fraternité Missionnaire de la Plaine et de Sainte Thérèse… Soucieux de faire grandir tout ceux qu’il rencontrait, et tout particulièrement les laïcs dans leur mission de baptisés au sein de l’Église et dans le monde, il s’interrogeait et nous interrogeait sans cesse :« Ce que nous faisons, ce que nous vivons ensemble en Fraternité permet-il la croissance des personnes, de l’ensemble du groupe, de l’Église tout entière, de la mission, et plus profondément encore de l’amour fraternel du Christ ? ». En Fraternité, la question de Marcel est devenue la nôtre désormais.

Actif comme il l’était, Marcel nous a aussi appris par son exemple la nécessité de la prière qu’il n’opposait jamais à l’action et encore moins à la mission ! Son énergie missionnaire, il la recevait de son tempérament certes, mais il la fortifiait régulièrement dans l’eucharistie quotidienne et dans la prière personnelle, fidèle autant que possible à l’oraison du matin et à l’adoration du jeudi. « Prier est un acte missionnaire », disait-il avec force et conviction. Cette parole, nous la recevons de sa bouche et nous la gardons, comme une orientation à ne jamais oublier dans le feu de l’action…

Nul doute que Marcel a été missionnaire jusqu’à son dernier souffle. Il continue encore de nous accompagner sur le chemin de la Fraternité qu’il a contribué à nous ouvrir, avec ses frères Missionnaires de la Plaine. Et avec l’aide de la petite Thérèse dont il recevait courage et confiance, puisse-il nous attirer toujours vers Celui que nous cherchons tous et qu’il a maintenant pleinement découvert dans le Repos et dans la Paix !

Avec toi Marcel, nous voulons maintenant rendre grâce
pour le GRAND frère que tu as toujours été pour notre Fraternité !


Prière universelle : Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants !

Marcel a vécu une enfance difficile et douloureuse, il a traversé, avec d’autres, la guerre en Algérie, il a été fortement éprouvé par sa surdité qui le coupait progressivement des autres et du monde.il a pourtant su rassembler des personnes souffrant de solitude, et se mettre à l’écoute de celles qui en avaient besoin. Prions pour que les personnes en souffrance trouvent une écoute et un soutien fraternel… Prions pour que les soignants et accompagnants ne se découragent pas.

Marcel a été un Pasteur qui ne craignait pas sa peine, et un supérieur religieux qui, après le concile, a pressenti de nouveaux besoins, aidant sa congrégation (et d’autres) à inventer de nouvelles réponses. Prions pour que les religieuses, les religieux et de plus en plus des laïcs qu’ils ont entraînés, s’appliquent à vivre la mission d’une manière renouvelée avec un souffle spirituel fort et profond…

A l’école de Sainte Thérèse de Lisieux, Marcel faisait totalement confiance au Christ, ce qui l’a conduit à se risquer dans des audaces apostoliques mais aussi à se laisser entraîner par Dieu dans la paix. Prions pour que les chrétiens de ce temps troublé sachent trouver les vraies sources de l’audace et de la paix tellement nécessaires aujourd’hui…