
Réussir la paroisse avec les communautés chrétiennes de proximité.
Voici le titre de l’édito de l’abbé Thierry pour le "Vivre Ensemble", bulletin du doyenné du mois de septembre.
“Nous aimons nos églises, nos communes, nos territoires. C’est toute une histoire, un patrimoine. C’est là qu’ont été enterrés nos grands-parents, qu’on s’est mariés, qu’on a baptisé nos enfants. Mais les cloches sonnent moins souvent depuis que la paroisse s’est élargie. Sur place, les pratiquants se comptent sur les doigts de la main ; le caté se fait dans la commune d’à côté ; pour avoir des renseignements il faut aller au siège de la nouvelle paroisse, téléphoner ou consulter internet. L’église n’est plus le lieu où on se rassemble régulièrement ; les fleurs se fanent vite ; les tableaux d’affichage jaunissent ; les cierges ne brûlent plus ; les portes ne sont pas toujours ouvertes.
Pourtant il y a une dame qui organise un chapelet tous les mercredis, mais ça reste confidentiel. Il y a la municipalité qui programme une visite touristique l’été, mais les voisins n’y vont pas. Il y a un concert dans le cadre d’un festival, mais ça n’intéresse que les gens des grandes villes. Quand un mariage est célébré, il faut faire le grand ménage. Seuls les enterrements rassemblent encore un peu, mais il faut demander à la communauté voisine organiste et animateur pour que la célébration ait un peu d’allure.
Mais si l’Église n’était pas que là-bas où habite M. le Curé ? Si elle était aussi ici chez nous ?
Il suffirait que l’église soit ouverte tous les jours, fleurie au moins une fois par semaine, entretenue avec des informations affichées et récentes.
Il suffirait que deux ou trois personnes aient le souci du bâtiment, mais aussi des gens qui vivent autour pour faire ensemble « communauté ecclésiale de proximité » (CEP)
Il suffirait qu’une liturgie de la Parole, la liturgie des Heures, un chemin de croix, un chapelet existent de temps en temps quand la messe n’est possible qu’une fois par mois ou tous les deux mois.
La paroisse réussira que si autour d’un groupement de clochers naissent des initiatives ouvertes et partagées, cultuelles ou pas, mais toujours dans un esprit pastoral et missionnaire.
Dans ces « communautés ecclésiales de proximité » seront clairement identifiées des personnes qui garantiront une présence visible d’Église, accueilleront des demandes, renseigneront, mettront en lien et dirigeront vers le centre de la paroisse si c’est nécessaire. Des personnes qui seront également attentives aux jeunes générations pour proposer le caté, inviter aux messes des familles… Et si chaque communauté vit quelque chose d’un peu plus particulier ou original, elle le fera connaitre à l’ensemble de la paroisse. Ainsi la paroisse sera communion de communautés de proximité missionnaires et ne « réussira » que dans les encouragements qu’elle donnera aux initiatives des CEP et non dans une volonté de tout diriger et d’uniformiser.
C’est un beau projet que de vivre cette « marche ensemble », c’est-à-dire cette « synodalité » où chacun et chaque communauté resteront uniques et complémentaires. Membres du corps paroisse pour reprendre une expression de St Paul, mais chacun avec sa fonction particulière. C’est l’unité dans la diversité, tout le contraire de l’uniformité.
Notre évêque nous donne une année supplémentaire pour mettre en place ces CEP à partir de ce que se vit déjà concrètement. Sans confondre urgence et précipitation, réfléchissons encore un peu, mais ne perdons pas trop de temps pour vivre ce nouvel élan missionnaire.”