

Vivre, croire, célébrer, voilà trois mots, trois verbes qui structurent notre vie chrétienne.
(Vous les avez sous les yeux, et ceux qui étaient là dès 10h, vous les avez vus illustrés dans le montage qui a été présenté.


Saint Paul l’affirme clairement et simplement dans la deuxième lecture que nous avons écoutée. « Vivre pour moi, c’est le Christ », écrit-il aux Philippiens.
Mais Paul exprime ensuite une inquiétude, il semble partagé, et il se pose une question. Il est prêt à mourir pour le Christ, ce qui serait un avantage, mais en même temps il se sent utile pour les communautés qu’il a fondées.
Écoutons-le : « Mourir est un avantage mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préférable ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire ».
Il faut sans doute se résoudre à consentir à ce que Dieu nous donne de vivre, car lui seul sait à quelle bonne place nous devons être, et c’est à nous de le découvrir. St François de Sales disait : « Soyons ce que nous sommes, mais soyons-le bien » ou encore « Il faut fleurir là où Dieu nous a plantés ».
Oui, il nous a plantés dans ce Marais Poitevin, dans une famille, une école, un lieu de travail, des lieux d’engagements divers… c’est là qu’il nous faut « pratiquer », autrement dit vivre du Christ. Quand St Augustin parle de « pratique chrétienne » il parle de cette pratique-là, et non pas de la pratique cultuelle. Et vous voyez bien qu’en en parlant ainsi l’expression « chrétien non pratiquant » est un non-sens. Le disciple du Christ a pour mission de témoigner de la présence de Dieu dans le monde. Dieu est partout présent, même dans des signes et des paroles que nous n’avons pas d’emblée qualifiés de religieux : une aide pour un voisin, la parole d’un enfant, la décision d’un patron, un film qui nous a touché, une visite dont j’ai bénéficié… et pourquoi pas une épreuve que j’ai subie et qui m’a fait grandir…
C’est la fonction royale de notre baptême… Gouverner notre vie avec amour en servant nos frères. Et il n’y a pas de première heure ou de dernière heure à la vigne du Seigneur. La bonté du Seigneur est tout entière à toute heure.
Il existe en tout homme un besoin de croire. Il s’exprime de différentes façons.
Les enfants sont curieux de Dieu si les parents leur en parlent. Des jeunes et des adultes désirent être baptisés, confirmés. Il y a des demandes de catéchèse d’adultes.
Croire c’est quoi ? C’est comment ? Faut-il tout connaître pour croire ou faut-il croire pour mieux connaître ? Voilà bien des démarches et des questions que nous rencontrons de plus en plus.
Si Dieu n’est pas évident, il mérite réflexion. Et nous, les disciples de Jésus, nous avons un chemin particulier pour entrer dans la connaissance de Dieu. Connaître le Christ c’est connaître Dieu. Mais il n’y a pas de connaissance possible sans rencontre et s’il n’y a pas d’amour, car connaître c’est aimer et aimer c’est connaître. Et croire n’est pas loin derrière.
La foi doit être contagieuse. Si elle ne donne plus envie, c’est que nous l’enfermons trop dans des expressions du passé. Or nous savons bien que tous les modes de communication évoluent et que ceux d’hier ne transportent plus aujourd’hui le trésor dont nous avons bénéficié.
Strictement parlant, la foi ne se transmet pas, mais nous pouvons donner autour de nous le goût de croire, et le meilleur véhicule de la foi aujourd’hui c’est le témoignage simple et sincère, c’est de montrer de quelle présence nous sommes habités. Le Seigneur parle davantage dans la brise légère que dans les ouragans. Jésus n’a jamais encouragé de démonstrations de puissance, il a visité, accompagné, guéri, dit une parole… et c’est ça qui a donné la foi. Croire en Jésus, et non pas en des idées ! Mais pour croire en lui il faut faire sa connaissance et l’aimer… c’est toute la mission des catéchistes, mais c’est d’abord la mission de tout baptisé.
C’est la fonction prophétique de notre baptême qui consiste à « trouver le Seigneur tant qu’il se laisse chercher », pour reprendre les mots d’Isaïe de notre première lecture, et d’annoncer Celui qui est « au-delà de nos pensées ».
Nous sommes de moins en moins nombreux dans les églises le dimanche… Au-delà de nos vies bousculées et de nos emplois du temps bien remplis qui sont de fausses raisons, je pense que nous avons perdu la notion de reconnaissance, de remerciement, d’action de grâce. Dans une société où tout nous semble être dû, nous ne pensons plus à dire merci… merci à nos parents qui nous ont donné la vie, merci à son conjoint qui nous accompagne, merci aux enfants qui nous font la joie d’être là, merci pour le travail que nous avons, merci à notre paroisse qui permet de nous soutenir les uns les autres, merci pour tout ce que la vie nous donne… et merci au Seigneur de qui nous tenons la vie, la croissance et l’être, comme le dit une préface eucharistique, de qui l’amour nous vient, par qui le pardon est possible.
L’Eucharistie, c’est la source et le sommet de la vie chrétienne. C’est une expression du Concile Vatican II. Tout vient de toi, ô Père très bon, c’est la source ; nous t’offrons les merveilles de ton amour, c’est le retour au sommet.
C’est la fonction sacerdotale de notre baptême, car « proche est le Seigneur de ceux qui l’invoquent » disait le psaume tout à l’heure. Et toutes formes de prière d’intercession, d’adoration, de chapelet et de chemin de croix, ainsi que notre vie tout entière, qui trouvent leur source et leur sommet dans l’Eucharistie, sont des rencontres du Seigneur qui se laisse trouver dans la demande (nous savons le faire) et l’action de grâce (nous oublions souvent de le faire).
Car pour conclure, tout est lié :
Croire c’est vivre et célébrer
Célébrer c’est vivre et croire.
Peu importe la porte d’entrée dans la vie chrétienne que nous avons choisie ou que nous avons découverte, pourvu que ces trois dimensions puissent être vécues pour témoigner du Christ au milieu de notre humanité qui nous attend.