Homélie NOËL 2024
Article mis en ligne le 28 décembre 2024
dernière modification le 29 décembre 2024

par MJG

Venir à la crèche…

Venir à la crèche…
C’est comme aller à Mayotte…

Un rendez-vous avec la pauvreté, mais pas pour les mêmes raisons…
Une rencontre avec des gens qui attendent une consolation, un réconfort, un salut depuis le passage d’un cyclone qui a tout dévasté, qui a ôté des vies et qui prive aujourd’hui du nécessaire pour vivre et survivre…
Il y a place à l’espérance.

Venir à la crèche…
C’est comme entrer dans une cathédrale…

Une chorale d’anges, une troupe céleste nombreuse, dit l’Evangile, chante : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
II y a une lumière qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Pas une lumière qui éblouit et nous aveugle comme sur le plateau de la Star Ac, mais une lumière diffuse qui laisse entrevoir le mystère sans le dévoiler complétement…
Il y a une sérénité qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans la société ambiante, loin du paganisme affolant et mercantile des réveillons et des cadeaux inutiles…
Il y a place au recueillement, à l’émerveillement, à la fête intérieure…
Il y a place à l’Espérance.

Venir à la crèche…
C’est, tout en étant solidaire des gens qui sont dans le besoin et tout en étant admiratif devant une cathédrale restaurée, une démarche de foi pour connaitre et reconnaître un enfant, pauvre et beau : l’Enfant Jésus,

dans un dénuement extrême, mis à l’écart du monde puisque pas de place à la salle commune, donc forcément dans un endroit caché, privé… privé de tout…
en raison d’un recensement qui a fait déplacer des populations,
dans un peuple plein d’espoirs pour sortir de l’occupation romaine…
un peuple où les prophètes ont fait naître l’espérance…
Marie et Joseph sont des pèlerins d’espérance…
Jésus est leur espérance.

Aujourd’hui, nous sommes invités à devenir comme eux et comme beaucoup de gens simples et pauvres des pèlerins d’espérance. Il est vrai que nous n’avons pas toujours conscience de notre confort, de nos richesses… et que nous ne savons pas vraiment qu’il nous manque cet essentiel qui nous vient du ciel : être comblé, aimé et sauvé par Dieu qui nous veut heureux selon son bonheur à lui et non pas selon un bonheur seulement humain qui ne dure jamais vraiment longtemps.

Notre regard sur la crèche ne doit pas un regard misérable sur une étable de misère, mais un regard contemplatif sur un monde déjà restauré par la Résurrection de celui dont nous fêtons la Nativité.
En effet, nous savons et nous croyons en cette nuit que cet Enfant qui nous rassemble est le Christ Jésus ressuscité le matin de Pâques.
Dieu n’a pas fait connaitre ce mystère aux sages et aux savants, il l’a d’abord fait connaître aux plus petits, aux enfants que nous sommes si nous avons toujours l’humilité de vouloir rester ces enfants.

Les personnages de la crèche peuvent nous aider à ne pas désespérer du monde et de nous-mêmes.

Marie, l’humble servante du Seigneur, avec son sourire magnifique quand elle dit Oui. Oui à l’amour de Dieu, oui à la demande de l’Ange Gabriel, oui pour la Consolation d’Israël… en acceptant d’être maman.

Joseph qui aurait pu répudier Marie puisque la loi le permettait, mais qui, à l’appel de Dieu par son ange, a choisi de rester auprès d’elle et d’être un père attentif pour Jésus, participant ainsi de manière toute particulière à l’espérance d’Israël, discrètement.

Les bergers qui ont été les premiers à répandre la bonne nouvelle de cette naissance… Pas de téléphone à l’époque, mais les échos dans les montagnes ont permis à ce que cette nouvelle se diffuse très vite dans la contrée. Quelles nouvelles transportons-nous dans nos montagnes quotidiennes ?

L’âne et le bœuf. Eh oui, pourquoi pas eux également ? Signes de la Création tout entière appelée au salut… création qui gémit par les douleurs d’un enfantement qui dure encore, dit Saint Paul dans sa lettre aux Romains expliquée à celles et ceux qui sont venus à la soirée paroissiale sur l’Espérance le 11 décembre à Maillé. A une époque où l’on parle beaucoup d’écologie, rappelons-nous que toute la création est notre berceau, notre maison commune, voulue par Dieu, aimée de lui, concernée par le salut.

Jésus est né dans notre monde qui n’est pas encore vraiment né, mais le Royaume est au milieu de nous depuis que ce Jésus, le Christ, est venu y faire sa demeure.

A nous donc, cette magnifique et précieuse mission de le faire connaître et naître dans le cœur de nos contemporains en étant ces pèlerins d’Espérance que le pape François nous invite à devenir dans cette année jubilaire qui s’ouvre en ces jours.

A tous, joyeux Noël !
Thierry Piet, curé


Crèche, église de Vix, réalisée au crochet par Mme Denise Clavurier, 96 ans.