La première prière de l’Homme
Article mis en ligne le 21 mai 2009
dernière modification le 5 février 2013

Un jour, un homme a prié pour la première fois dans l’histoire de l’humanité.
Comme il y a eu le premier jour de l’homme, il y a eu la première prière de l’homme.

Etait-il traversé par l’angoisse ou la peur ? Mesurait-il soudain sa vulnérabilité et en appelait-il à une Force suprême ? Avait-il déjà, expérimenté la fracture et la douleur de la mort, et s’interrogeait-il sur la finitude de l’être humain ?

Cet homme était peut-être habité, aussi, par le ravissement devant le spectacle magnifique de la nature. Peut-être n’en revenait-il pas d’appartenir à un tel univers, avec la ronde des astres, les levers et les couchers du soleil, les torrents qui jaillissent et les forêts qui grandissent, la mer et les montagnes, les poissons et les oiseaux, les mammifères multiples, et puis les êtres humains, en même temps si différents et si ressemblants.

J’imagine la première prière de l’homme comme un grand cri surgi du plus profond de ses entrailles. Mais ce fut peut-être une silencieuse prosternation, une adoration. Cri ou silence, cette prière a été une des grandes victoires de l’être humain. C’est ce jour-là, sans doute, que l’homme est véritablement devenu un homme.
Car il s’est découvert capable de communiquer avec ce qui sous-tend l’univers.
Capable de se re-lier avec le mystère de sa présence au monde. L’homme était plus que l’homme.

Cette première prière d’un homme, c’est ma prière à moi aussi. J’ai appris bien des choses, sur Dieu et sur les hommes.
Je suis nourri de la Bible, du Coran et des Upanishads, et j’ai lu de nombreux recueils de prière. Mais je suis toujours aussi nu et fragile, avançant à tâtons sur les chemins du monde. Je suis bien éduqué, « civilisé », catéchisé. Mais l’homme primitif, mon humanité première sont toujours là en moi.
Et quand j’ai peur je crie, comme le premier des hommes. Quand je suis émerveillé, je demeure en extase, comme l’était le premier adorateur.

Je suis un homme, Mon Dieu, rien qu’un homme. Mais qu’y a-t-il de mieux que de se sentir un homme ? Entre humanité et désir de divinisation, mon cœur, parfois, me pousse à regarder « là-haut » où je sais que se trouve ma divine origine.

Christian D.

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