
Le dimanche 29 août 2010, Messe présidée par Mgr Alain Castet, évêque de Luçon.

Ce que nous connaissons aujourd’hui de la fondation de l’abbaye St Pierre est issu d’un document conservé à la Bibliothèque nationale de France. Ce manuscrit a été écrit par un certain moine Pierre, peut-être originaire de Maillezais, ‘le dernier des serviteurs du Seigneur, écrivait-il.
Avant le moine Pierre, le récit des temps antiques, rédigé par les historiens du XI siècle, nous raconte l’Île de Maillezais, lieu habité par quelques colliberts qui vivent de la pêche sur le golfe des pictons. Il existe pourtant en ces lieux abandonnés, un église placée sous le vocable de St Hilaire, et près de cette église, une forteresse qui sert de rendez-vous de chasse à Guillaume Fiers à bras, comte de Poitou et Duc d’Aquitaine.
En 976, au cours d’une partie de chasse, un chevalier nommé Goscelme poursuivi par un énorme sanglier se réfugie dans l’église et se sert de la pierre d’autel pour se protéger des assauts de la bête.
Par ce signe, Emma, jeune épouse de Guillaume fait élever un monastère dans l’île de Maillezais. Vers 988, treize moines devant de St Julien de Tours viennent s’installer dans le monastère. Un prévôt est nommé : Théodolin, juif d’origine et français de naissance.
Cinq ans plus tard, en 1003, Guillaume le grand, fils d’Emma concéda au monastère, par une charte l’ensemble de l’île de Maillezais. Le duc et l’abbé Théodolin se rendent à Rome pour faire confirmer par le pape Jean XVIII la concession qui stipulera que l’abbaye de Maillezais ne sera soumise à la juridiction d’aucun évêque, ni non plus d’aucun monastère, sauf l’église romaine du prince des Apôtres. La règle en vigueur est la règle de St Benoit.
En 1010, les travaux semblent bien avancés, puisque c’est à cette date que la chronique de St Maixent situe l’arrivée des moines à Maillezais et l’abandon de la première fondation qui s’appela alors St Pierre le vieux.
Il ne restait plus à Théodolin qu’à obtenir l’honneur et la protection des saints. Il obtint du Comte du Maine l’autorisation de transférer à l’abbaye de Maillezais les restes d’un saint ermite manceau du VI siècle, Rigomer. L’opération, effectuée de nuit est suivie d’une arrivée triomphale à Maillezais en plein jour.
L’abbaye est vivante ; elle va jouer un rôle social et économique très important. Les moines industrieux se consacrent à une folle entreprise : l’aménagement des marécages de l’ancien golfe des pictons. Le chantier est immense : quatre autres abbayes, Nieul sur l’Autise, l’Absie, St Maixent et St Michel en l’herm unissent leur énergie ; le coup d’envoi est donné en 1217 avec la création du premier grand ouvrage de ce qui est devenu le marais poitevin : le canal des cinq abbés.
Le défi s’est poursuivi durant des siècles, inlassablement et se poursuit aujourd’hui encore pour maîtriser une nature rebelle, c’est-à-dire une eau imprévisible. Pour l’abbaye, plus qu’un simple monastère, c’est un patrimoine fait de 6 abbayes, de 146 prieurés, de 249 paroisses, de domaines vastes et féconds qu’il lui faut gérer.
Ce sont des milliers de familles, travaillant dur pour que ces réalisations puissent survivre en ces temps difficiles. C’est une organisation sociale particulière que mettent en place les moines pour soigner, vêtir et nourrir cette population active.
Et maintenant, que reste-t-il de ces lieux qui reçurent tant d’hôtes illustres ? La cathédrale de Maillezais, dont les murailles ont été trouées par les boulets pendant les guerres de religion, a eu ce rare privilège de voir écrites sur les murs les diverses transformations de l’art chrétien.
Goderan, Père abbé, en 1060 entreprend le projet ambitieux de l’église abbatiale : la construction d’une nef de 7 travées à bas côtés surmontés de tribunes. C’est la partie romane de l’abbaye.
Geoffroy Pouvreau, abbé en 1306, premier évêque de Maillezais. En effet, le 13 Août 1317, le pape Jean XXII, par une bulle, divisait le diocèse de Poitiers en 3 parties : Poitiers, Luçon et Maillezais devient évêché. Il reconstruit le transept et le chœur vers l’Orient. C’est la partie gothique.
Geoffroy d’Estissac, protecteur de François Rabelais décida en 1518 un énorme chantier de reconstruction du chœur : c’est la partie renaissance.
En 1542 l’abbaye est au faîte de sa gloire. La chute en sera vertigineuse.
Agrippa d’Aubigné prit l’abbaye aux troupes catholiques du duc de Joyeuse le 31 décembre 1588. Il y tint garnison jusqu’en 1619. C’est lui qui fit construire les fortifications modernes du site. L’abbaye prend alors l’allure d’une forteresse au détriment des bâtiments monastique.
En 1622, quand l’évêque reprend possession de sa cité délabrée à un point tel qu’on n’ose pas entreprendre de travaux pour relever la cathédrale. Le siège épiscopal sera finalement déplacé vers La Rochelle. La décision du pape Innocent X devient effective en 1666. Alors que la capitale de l’Aunis accueille son premier évêque, la cité Mallacéenne sombre dans le silence et l’oubli.
Le coup de grâce fut porté en 1791, le monastère abandonné depuis un siècle, décrété bien national, est transformé en carrière de pierres.
Poey d’Avant en 1840 et Edgar Bourloton en 1866 se rendent acquéreurs de la ruine pour mieux la protéger. En 1924 le monastère est classé au nombre des monuments historiques.
La famille Goule-Trichereau reçoit l’abbaye en héritage et consacre les cinquante dernières années à son sauvetage et à sa mise en valeur. Aujourd’hui, l’abbaye est propriété du Conseil Général de la Vendée.
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