Homélie du dimanche 23 mai 2021, fête de la Pentecôte.
La lecture des Actes des Apôtres dans laquelle nous accueillons aujourd’hui la Parole de Dieu nous révèle d’abord une première image de la Pentecôte. Très loin de nous dans le temps. Une salle haute abrite quelques disciples du Christ et quelques femmes. Ils sont anxieux et craintifs, mais une promesse les rassemble, une présence les unit : celle du Christ ressuscité. Voilà dix jours que Jésus s’en est allé et qu’il les a laissés dans l’attente d’un événement qui allait non seulement les faire revivre intérieurement, mais qui, par eux, allait bousculer, enflammer le monde, aussi bien autour d’eux que dans tout l’univers.
Alors arriva la Pentecôte et l’événement se produisit. Il se produisit, non pas seulement dans la salle où ils se trouvaient, mais au fond de chacun d’eux. La naissance de la joie, le bonheur de la paix, l’amour de Dieu communiqué à l’homme et partagé par les frères : l’Esprit Saint a allumé tout cela dans le cœur des Apôtres. Sur le champ, ils se mettent à parler ; ils annoncent la présence de Dieu ; ils proclament la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité : par eux, l’Esprit de Dieu étend son souffle sur le monde, envahit les espaces, traverse le temps et arrive aujourd’hui jusqu’à nous.
Frères et sœurs, aujourd’hui la Pentecôte continue. C’est toujours le même Esprit, dont les dons sont variés, qui nous permet, malgré notre diversité, malgré la pandémie qui nous éloigne encore un peu des uns et des autres, de crier ensemble ce matin : " Jésus est le Seigneur ! " Nous sommes ô combien différents par notre âge, notre origine, notre culture, nos conditions de vie… Mais c’est toujours le même Esprit qui fait de nous un peuple de frères : famille de Dieu, notre Père à tous. Si nous accueillons ainsi l’Esprit de Pentecôte, son souffle ne s’arrêtera pas là. Il nous poussera plus loin, il nous enverra dire à nos proches comme à nos plus lointains : " L’Esprit de Dieu veut nous unir : donnons-nous la main, aimons-nous, aidons-nous les uns les autres ".
Saint Paul nous invite à marcher sous la conduite de l’Esprit Saint. Au sujet de la pandémie que nous traversons, nous disons parfois que nous aimerions voir le bout du tunnel. Une belle image, mais si on réfléchit bien, quand on traverse un tunnel, le paysage que l’on voit à la sortie n’est pas le même que celui dans lequel nous étions avant d’y entrer ! Alors si on parle du monde d’après, il faudrait que ce soit à l’image de ce monde d’après que les Apôtres ont connus en sortant du Cénacle, un monde baigné d’Esprit Saint, un Esprit qui fait l’unité et la communion entre nous, un Esprit dont les fruits sont joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Dieu sait si nous en avons besoin et Dieu seul nous donne tout cela ! A nous d’accueillir cet Esprit qui nous fera vivre, marchons sous sa conduite au lieu de nous laisser conduire par l’esprit du monde, du monde d’avant !
L’Esprit nous fait vivre, l’Esprit nous vivifie ! L’Esprit nous rend fort et souple à la fois. L’Esprit qui anime l’Église naissante, c’est le même Esprit qui anime l’Église d’aujourd’hui toujours en train de naître. C’est le même Esprit qui habite le cœur de l’Église que celui qui habite le cœur de tous les baptisés… et qui habitent aussi celui des hommes de bonne volonté.
Dans la joie de notre foi, poussés par le souffle de l’Esprit Saint, enflammés par le feu de l’amour du Père, nous pouvons faire naître encore aujourd’hui l’Église du Christ qui a pour mission d’annoncer, de crier au monde la Bonne Nouvelle du salut.
Notre Église diocésaine vit ces mois-ci une réforme des paroisses. Bientôt, nous aurons une assemblée de paroisse pour la présenter et pour échanger entre nous. Les paroisses sont un moyen parmi d’autres pour que l’Église vive sa mission : annoncer le Christ, célébrer le Christ et servir le Christ dans nos frères et sœurs en humanité. Demandons à l’Esprit de nous guider dans notre réflexion et dans notre discernement, c’est lui qui nous conduit vers la vérité tout entière qui est le Christ.
Nous avons trop souvent des gestes barrières qui empêchent l’Esprit Saint de se répandre. L’Esprit Saint n’est pas un Esprit qui nous conduit vers nos clochers mais vers le Christ. L’Esprit Saint n’est pas un Esprit qui nous enferme pas dans des habitudes, celles d’un monde ancien, mais un Esprit qui nous envoie en nous faisant sortir de nous-mêmes pour faire toutes choses nouvelles avec nos frères !
Oui que notre Église en soit renouvelée ainsi que la terre entière.