JE NE VOUS LAISSERAI PAS ORPHELINS
Homélie du 6ème dimanche de Pâques
Article mis en ligne le 16 mai 2020
dernière modification le 21 octobre 2020

par Thierry Piet

« JE NE VOUS LAISSERAI PAS ORPHELINS »

Nous voici déjà au 6ème dimanche de Pâques. Et Jésus nous dit : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous… je ne vous laisserai pas orphelins… »

Peut-être avons-nous l’impression d’être orphelins depuis la mi-mars ? Privés des nôtres, de nos amis, de nos voisins… Privés du Christ…
Et nous avons organisé nos journées autrement. Depuis lundi, nous pouvons sortir un peu, certains n’osent pas trop encore.
Dans toute cette période où il nous réinventer nos relations, on s’est demandé : Qui sont mes amis ? De qui suis-je l’ami ? Qui j’appelle pour avoir des nouvelles ? Qui m’appelle ? Les moments difficiles permettent souvent de vérifier qui sont nos véritables amis et la qualité de la relation que nous entretenons avec eux.
Il en est ainsi aussi avec le Christ. L’ai-je appelé ? L’ai-je entendu m’appeler, lui l’ami fidèle qui ne nous laisse pas orphelins ?

« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. » Comment comprendre cela ? On peut comprendre le « si » comme une condition, mais aussi comme une conséquence étant donné que « si » dans notre langue veut dire aussi « puisque ».
Autrement dit, sans amour, nous ne pouvons pas garder ses commandements qui, eux-mêmes, nous aident et nous conduisent à toujours mieux l’aimer. Aimer ses commandements, aimer sa Parole, c’est l’aimer Lui. Quand on aime quelqu’un on boit et on mange ses paroles. N’est-ce pas l’expérience que nous faisons alors que nous sommes privés du pain eucharistique ? La Parole de Dieu, le Christ, est Parole nourrissante et nous met en communion avec Lui.
Lorsque Jésus prie son Père, lorsque Jésus lui adresse la Parole, il est en communion avec son Père. C’est une communion d’amour. Et l’Esprit saint n’est pas loin, il jaillit de cette rencontre amoureuse ! Il déborde jusqu’à nous.

« Si vous m’aimez », ça nous renvoie aussi à l’amour que nous avons pour nos frères. Nous ne les avons pas beaucoup vus ces temps-ci, mais ont-ils été présents dans notre rencontre avec le Seigneur comme dans nos pensées quotidiennes ? Notre prière est-elle toujours universelle, pour nos proches comme pour les plus lointains ? Pour ceux que nous aimons, ceux que nous n’aimons pas assez, ceux que nous n’aimons pas, ceux qui ont besoin de soutien, de réconfort, d’encouragement dans leurs professions, leurs solitudes, leurs engagements… ? Ne laissons pas orphelins tous ceux qui ont besoin de présences, d’attentions, de prières ! En nous associant à la prière du Christ, le Notre Père, nous les présentons au Père, et le Père leur donnera l’Esprit Saint.

Bientôt nous allons pouvoir nous retrouver en Église et à l’église. Ce sera normalement le dimanche 7 juin, fête de la Trinité, fête du Père, du Fils et de l’Esprit, fête de la communion de Dieu et de notre communion en Dieu à laquelle nous sommes appelés.

J’avoue que depuis le début du confinement je me sens orphelin, orphelin d’un peuple, et je sais, puisque vous me le dites, que vous êtes, vous aussi, orphelins.
Nous le savons, de la même manière que c’est rassurant d’avoir un père et une mère pour se sentir en sécurité et être guidé en famille, c’est rassurant d’avoir un père et un pasteur qui rassemble et conduit la communauté. Je ne suis rien sans vous, et vous avez besoin de moi. C’est la grande leçon que je reçois de ce confinement.
Mais un peu comme pour les premiers disciples qui ont fait l’expérience de l’absence corporelle du Christ, vous avez montré que l’Esprit est à l’œuvre dans nos communautés par les nombreuses initiatives que vous avez su prendre, dans cette époque où tout est provisoire, et aussi par votre soif de nous retrouver le plus tôt possible. Car c’est ensemble que nous sommes le Corps du Christ, l’Église.
Oui, nous aurions aimé nous retrouver à la Pentecôte, mais à la Trinité, n’est-ce pas un beau symbole, puisque Dieu n’est pas solitaire et nous, nous ne voulons pas rester orphelins ?

Abbé Thierry