"Ô Toi, l’au-delà de tout." Grégoire de Nazianze
Article mis en ligne le 21 juin 2016

Ô Toi, l’au-delà de tout

ÔToi l’au-delà de tout,
comment t’appeler d’un autre nom ?

Quel hymne peut te chanter ?
aucun mot ne t’exprime.

Quel esprit peut te saisir ?
nulle intelligence ne te conçoit.

Seul, tu es ineffable ;
tout ce qui se dit est sorti de toi.

Seul, tu es inconnaissable ;
tout ce qui se pense est sorti de toi.

Tous les êtres te célèbrent,
ceux qui te parlent et ceux qui sont muets.

Tous les êtres te rendent hommage,
ceux qui pensent comme ceux qui ne pensent pas.

L’universel désir, le gémissement de tous
aspirent vers toi.

Tout ce qui existe te prie
et vers toi tout être qui sait lire ton univers
fait monter un hymne de silence.

Tout ce qui demeure, demeure en toi seul.
Le mouvement de l’univers déferle en toi.

De tous les êtres tu es la fin,
tu es unique.

Tu es chacun et tu n’es aucun.
Tu n’es pas un être seul, tu n’es pas l’ensemble :

Tu as tous les noms, comment t’appellerais-je ?
Toi, le seul qu’on ne peut nommer.

Quel esprit céleste pourra pénétrer
les nuées qui voilent le ciel lui-même ?

Aie pitié, ô Toi, l’au-delà de tout ;
comment t’appeler d’un autre nom ?

Grégoire de Nazianze,
Patriarche de Constantinople, docteur de l’Église
IVème siècle.
Poèmes dogmatiques

Recueilli dans Quand les hommes parlent aux Dieux
Ed. Bayard, 2003.