
Qu’est-ce donc que ce salut dont parle Isaïe dans la première lecture ?(Is 49, 3.5-6)
Voilà un mot assez vague, qui ne signifie pas grand-chose pour l’homme de la rue si ce n’est le fait d’échapper au danger, à la mort.
Peu de gens expriment la nécessité d’être délivrés ou libérés du mal. Encore moins d’être rachetés comme on le faisait d’un esclave, de l’esclavage du péché et que, pour ce faire, Dieu a mis le prix : « L’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », comme le dit Jean le Baptiste dans l’Évangile de ce dimanche.
Nos contemporains n’ont guère l’impression d’être esclaves, pécheurs, perdus, et par conséquent, n’ont pas de demande de salut. Même si aujourd’hui nos sociétés parlent de crise, de fractures sociales, si les jeunes vivent « dans la galère » ou ont « la rage », personne n’imagine plus que la solution puisse venir d’un Dieu qui sauve.
Comment nos Églises peuvent-elles transmettre à nos contemporains, à nos jeunes, l’espérance et la joie de vouloir goûter au salut qui est la vie éternelle dans l’au-delà ?
Comment rendre ce salut crédible sinon en nous préoccupant d’abord, comme Jésus, de toutes les souffrances, de toutes les misères que nous rencontrons ? Aider, soulager, servir nos frères, c’est leur dire, autrement que par des mots, combien Dieu les aime et veut leur salut explicite. C’est là notre mission, à nous qui sommes l’Église, le Corps du Christ, la présence du Christ Sauveur dans les lieux où nous habitons.
Mais cette mission, nous ne pouvons pas la vivre sans communion entre nous. C’est tout le propos de notre évêque dans sa lettre pastorale qui est toujours à votre disposition. La mission et la communion se nourrissent l’une l’autre, la mission est la source et le fruit de la communion.
Nous commençons une semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Nous pensons spontanément à l’œcuménisme, la communion avec nos frères protestants, orthodoxes et anglicans, mais nous pouvons prier aussi pour la communion dans notre Église Catholique, notre diocèse, notre paroisse. Car si nous donnons à voir une Église désunie, des frères qui ne s’entendent pas, comment pourrons-nous témoigner d’un Dieu qui est communion de personnes et qui désire nous rassembler dans la paix de son amour ? Comment serons-nous crédibles ?
Croire au Christ, c’est croire que quelqu’un est venu chercher et sauver sur terre ce qui était perdu. Sans doute comprenons-nous mal cette affirmation. Pour nous montrer la mission de Jésus, Jean le Baptiste nous présente le Christ comme « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Jésus ôte, enlève, le péché, comme s’il s’agissait d’un poids ou d’un obstacle. Le Christ vient donc élargir ses perspectives et ses possibilités. Le Christ, « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », se présente à nous comme lié à la misère à sauver. Là où il y a de la misère, toute misère, là est le Christ.
C’est ce Christ, lui notre salut, que nous sommes chargés d’annoncer par le témoignage de nos vies, par notre communion fraternelle et par une parole parfois explicite.