Ce Vendredi Saint avec l’Abbé Thierry
Rappelez-vous : le Mercredi des Cendres, je commençais mon l’homélie par ces mots : « Enfin le carême ! » Je n’imaginais pas fin février que nous allions le vivre de manière si particulière, comme une longue retraite sur les terrains où nous vivons : l’école pour les plus jeunes, le travail à domicile pour certains, le confinement dans nos maisons pour tous, les Ehpad… Le carême se termine, mais la quarantaine se prolonge…
Le printemps est là comme une insolence ou comme une espérance.
Il est un peu plus de 15h, ce Vendredi Saint, 15h30 exactement. J’ai une pensée pour tous ceux qui ont pris un temps de prière à l’heure de la mort du Christ et qui attendent maintenant l’Office de la Passion, et à vous tous qui allez fêter Pâques autrement, mais pas avec moins d’intensité.
Les fenêtres sont ouvertes, les cloches se sont tues depuis hier soir, j’écoute le silence de la rue, quelques cris d’enfants, un accordéon… Eh oui ! Certains prient avec « Mystère du Calvaire », d’autres se divertissent avec « L’Amant de St Jean ». Nous, ce soir nous méditerons la Passion de St Jean.
Tous ces jours, je célèbre seul dans mon petit oratoire du presbytère que certains connaissent bien pour le fréquenter en semaine l’hiver. Seul, mais en communion avec vous tous. Hier soir, Jeudi saint, pendant l’adoration j’ai énuméré vos noms, vos prénoms, les groupes dont vous faites partie, et je vous ai présentés au Seigneur, présent dans son Eucharistie. Et dans la nuit, entre deux heures et trois heures, je suis retourné prier en offrant plus spécialement l’agonie de notre monde et rendre grâce pour tous ceux qui, aujourd’hui, lavent les pieds des autres.
Je ne diffuse pas mes célébrations parce que je n’en ai pas les moyens. La messe n’est pas une pièce de théâtre. Mais je sais que vous faites preuve d’imagination pour rechercher sur internet les célébrations qui vous conviennent. Les propositions ne manquent pas, il y en a peut-être trop. Certains préfèrent aux célébrations austères de notre cathédrale celles de paroisses ou communautés religieuses diffusées sur Facebook ou YouTube ou encore celles de la télévision depuis Rome ou Paris. Quel que soit le choix que vous faites, c’est toujours le bon. Il montre la diversité et la catholicité de notre Église, une Église toujours capable de s’adapter… n’est-elle pas née dans une période de crise, dans un pays occupé par les romains ? Ne redécouvre-t-elles pas aujourd’hui les liturgies domestiques de ses débuts, comme le disait Jean-Pierre Denis, journaliste de La Vie, sur les ondes de France Inter, ce midi.
