ÊTRE SAGE et ESPÉRER JOYEUSEMENT. Homélie du 32 ème dimanche A.
Article mis en ligne le 7 novembre 2020

par Thierry Piet

Être sage et espérer joyeusement

Le mois de novembre est le mois des morts. Il a commencé avec la fête de tous les saints et le 2 novembre avec le souvenir des morts de nos familles et de nos communautés.
Les cimetières sont habituellement les lieux de nos promenades, les chrysanthèmes fleurissent les tombes. Peut-être que cette année ils le sont un peu moins, mais le souvenir de nos chers disparus n’en est pas pour autant moins grand.
Nous entrons progressivement dans l’hiver, trois minutes de soleil en moins par jour, les nuits s’étirent. Et en cette saison, ce deuxième confinement nous fait davantage replier sur nous-mêmes. Nous fermons plus tôt nos volets et dans la chaleur de nos maisons, nous pensons à l’avenir, au devenir de notre vie, à notre mort peut-être.

Ce dimanche, nous sommes invités à la sagesse et l’espérance.
La sagesse aujourd’hui est de porter un masque et de respecter la distanciation physique dans l’espérance de sortir vainqueur de cette crise sanitaire.
Dans l’Évangile, la sagesse est de tenir nos lampes allumées dans l’espérance du retour du Christ dans la gloire.

La parabole des dix jeunes filles invitées aux noces et qui attendent l’arrivée de l’époux nous rappelle que le Christ doit revenir à la fin des temps. Mais comme nous ne savons pas l’heure de son retour, il convient de nous tenir prêts pour l’accueillir, de tenir nos lampes allumées et surtout d’avoir pris la précaution d’une réserve suffisante d’huile au cas où il tarderait à venir.

La parabole, surtout si on la met en dialogue avec la deuxième lecture qui porte sur l’espérance que nous devons entretenir face à nos morts et face à notre propre mort, peut aussi parler de notre rencontre personnelle avec le Seigneur à la fin de notre vie. De même, comme nous ne savons pas l’heure de notre mort, il est important de nous tenir prêts pour cette rencontre, de veiller à ce que nos lampes soient toujours alimentées et allumées.

Mais qu’il s’agisse du retour du Christ à la fin des temps ou de notre propre rencontre avec lui à la fin de notre vie, c’est sagesse de faire de notre vie un temps d’attente sereine et joyeuse ainsi qu’un temps de préparation active à cette rencontre si importante pour nous, car, ne l’oublions pas, c’est bien le but de notre vie.

Être sage ne veut pas dire être parfait. Le sage c’est celui qui, à la lumière de son expérience humaine et spirituelle, se relève et se réoriente à nouveau vers Dieu quand il a conscience de s’en être écarté.

N’oublions pas que la sagesse est le premier don de l’Esprit. C’est elle qui nous aide à découvrir constamment ce qui est bon pour nous maintenir dans l’horizon de Dieu. A nous de l’accueillir puisque Dieu nous la donne !
La tradition chrétienne l’identifie au Christ, Parole de Dieu. Regardons et écoutons le Christ Jésus, vivons de cette Parole de Dieu incarnée au milieu de nous et nous deviendrons les sages que le Seigneur attend de nous. C’est la sagesse qui, selon l’origine même du mot « sapere » nous permet de « goûter » Dieu comme quelqu’un de si bon qu’il vaut vraiment la peine de le chercher. Ne dit-on pas parfois : goûter la Parole de Dieu ? goûter l’Eucharistie ?

Faites goûter du chocolat aux enfants, vous n’aurez pas besoin de leur faire une démonstration en trois points pour qu’ils en redemandent ! Ah ! S’il en était ainsi avec Dieu ! Nous serions constamment en appétit de Dieu, nous aurions toujours faim et soif de lui, comme le psaume de ce dimanche nous le chante : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair. » Oui, nous serions tous les jours en préparation de sa rencontre définitive avec nous, rencontre qui comblera tous nos appétits et toutes nos soifs.

Alors ne perdons jamais de vue que le but de notre vie c’est la rencontre de Dieu, c’est Dieu lui-même.
Soyons assez sages pour ne pas oublier cette rencontre qui constitue l’occupation majeure de nos jours vers laquelle convergent toutes les autres occupations. Aujourd’hui, le confinement nous conduit à un manque de rencontres, de partages et de fêtes… aussi va-t-il raviver en nous le goût et l’attente de la rencontre avec nos proches, les plus lointains et avec Dieu lui-même.

Et si, par négligence, mégarde ou distraction, nous l’oublions, soyons assez sages pour remettre de l’huile dans notre lampe, huile de la prière et de la charité, et de reprendre notre veille active et sereine dans la foi et l’espérance, car le Seigneur, lui, s’en vient, tout joyeux, à notre rencontre, et il serait dommage pour lui de nous voir tout tristes et de ne pas se savoir attendu.

Abbé Thierry Piet