Homélie du dimanche 20 décembre, 4ème dimanche de l’Avent
Article mis en ligne le 20 décembre 2020
dernière modification le 23 décembre 2020

par Thierry Piet

4ème dimanche de l’Avent année B

Cette page d’Évangile que nous venons d’entendre, nous la connaissons par cœur, et elle suscite toujours un certain émerveillement.
Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur quelques expressions qui définissent bien Marie et qui peuvent aussi éclairer notre vie de chrétiens.

« Comblée de grâce ! » Le destin de Marie, une petite juive de 16 - 18 ans que Dieu a choisie pour être la mère de son Fils, pour donner chair à son propre Verbe, est exceptionnel parce qu’il dit d’une manière exemplaire la gratuité de l’Alliance entre Dieu et l’homme. Le dessein de Dieu est un débordement d’amour. Et l’amour n’a pas d’autre justification que lui-même.
Dès l’Annonciation, à l’aube du salut, les croyants découvrent, émerveillés, que le dessein universel de Dieu, l’incarnation du Christ, le pardon des péchés, la libération de l’humanité, la vie dans l’Esprit, la résurrection, tout est don, tout est grâce.

Marie en est la plus belle illustration. Elle s’en étonne. Elle est bouleversée. Elle n’en sait pas de suite toute la portée et les modalités mais elle se déclare disponible à ce « torrent de grâces » qui doit féconder la terre que le mal avait rendu stérile.

L’itinéraire de Marie est le nôtre. La foi n’est-elle pas toujours
  un appel personnel,
  un accueil de la grâce, de la gratuité de Dieu,
  l’écoute d’une parole dont nous recevons la semence pour lui donner chair ?
  C’est un cheminement dans la confiance en Celui qui a pris l’initiative de cette aventure.
  C’est une mystérieuse intimité avec Celui qui fait de nous des « serviteurs » responsables.

Car si Marie se dit la « servante » du Seigneur, cela ne signifie nullement que son rôle se réduise à n’être qu’un simple instrument « soumis entre les mains de Dieu ». Ne cédons pas trop facilement à des « commentaires » douteux qui abaisseraient l’homme sous prétexte de grandir Dieu ! La vocation et la mission de Marie montrent au contraire le sérieux de l’appel de Dieu qui ne veut rien faire sans le « oui » libre de sa créature.

Marie illustre aussi la dignité et la grandeur de tout homme associé au dessein d’amour de Dieu. Marie est l’humanité qui consent librement à Dieu, qui dit « oui » à la Vie et croit que « rien n’est impossible » à celui qui aime.

« Sois sans crainte, Marie ! » L’irruption de Dieu dans notre vie, son Appel font toujours peur ! Nous en pressentons les exigences.
Dire « oui » à Dieu
  c’est accepter que plus rien ne sera comme avant !
  Nos priorités et nos choix vont se trouver modifiés !
  Finie « la petite vie tranquille » !
  Le « oui » de tout engagement chrétien dépasse nos seules forces humaines. Cette « utopie » serait irréaliste si elle n’était pas celle de Dieu lui-même et si l’Esprit Saint ne « couvrait pas de son ombre » notre vie pour y « incarner » son amour.

Alors, après avoir cheminé avec Jean-Baptiste dans la première partie de l’Avent, cheminons dans ces derniers jours avant Noël avec Marie. Si dans la piété populaire le mois de Marie est le mois de mai, dans la liturgie c’est le mois de décembre.
  Dans les jours qui viennent, à la messe en semaine, nous allons entendre comme aujourd’hui les grands textes du Nouveau Testament que sont l’Annonciation, la Visitation, puis la Nativité.
  Dans nos crèches, nous pouvons maintenant mettre Marie, sans oublier Joseph.
  Et dans nos vies, nous pouvons donner à Marie une place plus grande encore.

Depuis quelques mois, les enfants du caté, et d’autres, sont initiés à la prière du chapelet, cette prière toute simple, le « Je vous salue, Marie » qui reprend les paroles de l’Évangile. Je me souviens : une grand-mère témoignait un jour devant des enfants,
  elle disait : je récite le chapelet tous les jours.
  On lui dit : mais vous faites toujours attention à toutes les paroles ?
  Elle répond : pas toujours, mais c’est comme une musique qui m’accompagne quand je prends du temps pour Marie et pour Jésus.
Je trouve que c’est une belle et vraie réponse. La preuve : ce témoignage date de plus de 30 ans et je m’en souviens encore !

Oui le Seigneur est toujours avec nous comme il l’était et l’est toujours avec Marie.
  Ce sont les mots de la salutation de l’ange Gabriel à Marie.
  Ce sont les mêmes mots que le prêtre vous adresse au début de la messe pour qu’ensemble nous prenions conscience de la présence du Seigneur à la messe, bien sûr, mais aussi dans tous les moments de notre vie, comme une petite musique discrète qui nous accompagne pour se mêler à la musique de notre vie.
  Le Seigneur vient à nous pour faire chanter notre vie, pour y mettre de la joie et du bonheur, pour nous sauver. Saurons-nous nous accorder pour chanter avec lui, lui dire OUI comme Marie, vivre au diapason du salut qu’il nous offre ?

Abbé Thierry Piet