Homélie du 2ème dimanche de Carême 13 mars 2022.
La prière qui transfigure
Article mis en ligne le 14 mars 2022

par BFCM

2ème dimanche de carême année C

Le carême : la prière qui transfigure

Jésus va souvent sur la montagne pour prier. C’est là qu’il rencontre son Père. Il est à l’écart du monde. Il est dans le silence. On a besoin de ces moments d’intimité avec Dieu, et souvent on se les refuse parce qu’on prétend ne pas avoir le temps, parce qu’on pense qu’il y a plus important que ça, parce qu’on se dit que ça sert à rien.

Et si pendant ce carême on changeait ses habitudes ? Tous les jours on fait à peu près les mêmes choses par routine, sans trop d’enthousiasme bien souvent… et si on donnait un peu plus de temps pour le Seigneur ?
Alors on ne va peut-être pas chercher la montagne la plus proche. - D’ailleurs, dans notre culture, quand on parle de montagne, nous parlons plus des difficultés que nous n’arrivons pas à « surmonter » que d’un lieu de prière. - Et elles sont nombreuses, ces montagnes, dans ce monde en guerre et dans cette pandémie qui n’est pas terminée ; elles sont nombreuses aussi dans chacune de nos familles à cause de la vie chère, des fins de mois difficiles, des ennuis de santé… Jésus n’était pas non plus en dehors du monde de son époque : il annonce à ses disciples qu’il va souffrir et mourir… et les disciples auront du mal à l’accepter…
Oui ne cherchons pas la montagne la plus proche mais bien plutôt un endroit à l’écart, sa chambre, par exemple, dans laquelle on a peut-être aménagé un coin prière avec la Bible, une bougie, une icône, une croix, une statue de Marie… ou encore l’église – c’est un endroit désert en semaine ! - et puis là tous les jours, tous les soirs, passer un moment avec le Seigneur : lui dire merci pour la belle journée qu’on a vécu, pardon pour ce qui a été moins bon et s’il te plait pour que demain soit meilleur. C’est simple la prière quand on y pense, c’est nous qui sommes souvent compliqués !

Sur la montagne, Pierre, Jacques et Jean étaient bien, à tel point qu’ils auraient aimé toujours rester là, avec Jésus. Mais on sait bien qu’on ne peut pas être toujours en prière, en contemplation de la tente (le tabernacle en latin), et qu’il nous faut reprendre nos occupations quotidiennes, « descendre » dans le quotidien le plus ordinaire et retrouver les gens avec qui nous passons la plus grande partie de nos journées, mais on peut vivre tout ça aussi avec le Seigneur, et c’est de tout cela qu’il faut parler au Seigneur quand nous prenons un temps spécial uniquement pour lui.
Nous croyons souvent que notre vie est banale, qu’elle n’intéresse personne, pas même le Seigneur, alors nous ne lui disons rien de ce que nous vivons.
Ou au contraire, nous croyons que nous sommes les meilleurs, que nous sommes capables de vivre seuls et de nous passer du Seigneur. Quelle illusion !
Non, la prière est là pour nous rappeler que nous sommes devant le Seigneur des êtres aimés, des enfants qui ont besoin d’un père. Tout nous vient de lui, alors disons lui merci, c’est le plus cadeau que nous pouvons lui faire. C’est le sens-même de l’Eucharistie.

Sur la montagne, Dieu a dit à Pierre, Jacques et Jean au sujet de Jésus : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Oui ! Écouter Jésus, c’est la première chose qu’il faut faire quand on entre en prière. Avant de parler, écouter ! Le Seigneur a toujours des choses intéressantes à nous dire, car il nous connait bien, il connait le plus profond de notre cœur, il sait de quoi nous avons besoin… alors écoutons, faisons silence, contemplons-le dans sa parole. Faisons conversation avec lui, il est notre frère.

Savez-vous reconnaitre les personnes qui prient ? Le plus souvent elles ont un visage ouvert, radieux, transfiguré, elles sont paisibles, détendues ; elles donnent l’impression qu’elles sont toujours en prière quand elles rencontrent d’autres personnes, sans doute parce qu’à travers les autres personnes elles rencontrent et reconnaissent le Christ Jésus.
Car c’est bien la rencontre qui est importante. Si c’est pour se rencontrer soi-même ce n’est plus la prière, mais si c’est pour rencontrer le Christ, c’est autre chose, ça change tout, ça peut changer notre vie.
Un jour, il y a 400 ans, une femme, une future visitandine, posait cette question à St François de Sales : si je suis en prière et que quelqu’un m’appelle, que dois-je faire ? Quitter Dieu pour répondre à la personne qui me dérange ou dire à la personne de patienter parce que je suis en prière ? Et la réponse fut : il faut savoir quitter Dieu pour trouver Dieu.
C’est ainsi que tout peut devenir prière, c’est-à-dire rencontre de Jésus.

Alors demandons au Seigneur en ce 2ème dimanche de carême de savoir toujours bien rencontrer le Seigneur, et que chacune de ces rencontres, comme celles de nos frères et sœurs en humanité, nous illumine et nous transfigure pour que nous vivions déjà en ressuscités, avec des visages rayonnant de joie et de lumière, dans ce monde malmené et cependant très aimé de Dieu.

Abbé Thierry