Quand arrive Novembre, le souvenir prend plus de place dans notre vie : Toussaint, Jour des morts, 11 novembre… Voilà une série qui nous est familière, et chaque année, nous accomplissons fidèlement les mêmes gestes.
Oui, la Toussaint est bien une fête du souvenir ou, si nous préférons, la fête de l’histoire humaine réalisée, réussie.
Elle vient nous dire que ceux qui ont vécu avant nous sont vivants en Dieu. Tout ce qui s’est passé est présent aujourd’hui… La Toussaint est bien une fête de notre histoire : elle proclame que ces femmes et ces hommes qui ont vécu avant nous, qui ont connu joies et peines comme nous, sont toujours vivants.
On dit que le Toussaint est la Pâques de l’automne… C’est l’heure de ramasser les fruits de toutes les fleurs du printemps. Aussi la Toussaint comme Pâques est surtout la fête de l’avenir.
Ce que nous sommes n’a pas été totalement manifesté. Cette fête nous transporte à la fin des temps où avec Jésus et en lui nous serons totalement nous-mêmes. Notre histoire personnelle est liée à celles des autres hommes et tant que le dernier homme n’a pas réalisé sa vie, il manquera quelque chose. Alors nous verrons le Christ tel qu’il est… et son Corps aura atteint sa forme parfaite.
Nous sommes liés à nos ancêtres, nous le serons aussi et autant avec tous ceux qui vont venir. Capables d’aimer ceux qui nous présents, nous sommes invités à aimer aussi du même amour tous ceux du passé et tous ceux de l’avenir.
Nous venons d’entendre les Béatitudes, cet Évangile nous est familier, il décrit le vrai visage de l’homme en écho au visage de Dieu tel qu’il apparaît en Jésus. Nous sommes enfants de Dieu. Tout le reste… nos interrogations, nos refus, n’enlève rien à cette réalité. La grâce qui nous a été donnée à notre baptême, c’est d’abord d’accueillir cette situation, de la reconnaître comme se réalisant en nous et d’entendre chaque jour l’appel qui nous invite à êtres enfants des Béatitudes. Nous avons le visage d’un enfant heureux, heureux de la joie de Dieu… c’est cela être saint.
Nous sommes sur le parcours, sur la route, dans le cortège… c’est parfois difficile, il y a des épreuves… mais l’Église, née dans un temps de crise, existe justement pour vivre les temps difficiles, c’est sa vocation et c’est ce que le Livre de l’Apocalypse essaie de nous faire comprendre. Nous avons besoin des uns et des autres pour nous soutenir, pour marcher ensemble sur ce chemin d’espérance dont c’est encore l’année du Jubilé.
Aller au cimetière, ce n’est pas seulement se souvenir, même si ces souvenirs sont tellement précieux, c’est regarder tous ceux qui sont là, comme des vivants, ayant réalisé totalement leur existence en Dieu. Enfants de Dieu, nous le sommes et nous le serons toujours. Que pouvons-nous de demander de mieux… en attendant ?
Abbé Thierry Piet