Homélie pour le souvenir des fidèles défunts 2025.
Article mis en ligne le 11 novembre 2025

par BFCM

Nous sommes réunis ce dimanche pour nous souvenir de nos défunts, particulièrement ceux de cette année : un ami, un frère, une sœur, un parent, un enfant, un voisin… sans oublier tous les autres.

Nous savons que « toute vie doit finir ». Nous faisons l’expérience du départ, de la disparition, de l’absence, du vide, du manque : La voix, le visage, le regard, les mains, les expressions. Les souvenirs restent à notre mémoire, mais cela ne nous suffit pas. Notre désir n’est pas là, il est ailleurs, plus profond, plus grand : nous désirons continuer à vivre quelque chose avec eux. Nous savions qu’ils devaient partir un jour, mais nous voudrions qu’ils soient encore là, avec nous.

Notre présence en cette église aujourd’hui nous raccroche à leur souvenir. Mais elle est aussi le signe d’une foi et d’une espérance. L’espérance que les défunts n’ont pas totalement disparu de nos vies, l’espérance que l’amour de Dieu est plus grand que ce que nous pouvons en voir, l’espérance en une résurrection que Jésus nous promet.

Il y a, dans l’événement de la mort, une puissance capable de nous dévaster. Il y a, dans l’événement de la résurrection, une puissance plus grande encore, capable de tout faire renaître.

Nous avons célébré hier la fête de la Toussaint. Cette fête dit la communion que nous pouvons vivre entre tous les disciples de Jésus qui ont mis, au cours des siècles, leurs pas dans ceux du Christ et qui ont voulu apprendre de lui à aimer. Une communion, donc, qui va au-delà de ceux que nous voyons de nos yeux, mais qui embrasse tous les temps et tous les lieux.

Notre célébration, au lendemain de la fête de la Toussaint, nous invite à vivre intérieurement cette même communion avec celles et ceux qui ont vécu le grand passage et qui sont entrés dans la Lumière éternelle du Père. Et ce ne sont pas que des mots. Nous pressentons, à l’intime de nous-mêmes, qu’une présence nouvelle, une relation nouvelle peut naître avec ceux qui nous ont précédés. Il ne s’agit pas de notre imagination, ou de notre désir exacerbé. Il s’agit d’une réalité mystérieuse que nous touchons du doigt : oui, les défunts vivent encore dans l’éternité de Dieu. Ils ont comme un « avenir », leur vie n’est pas terminée. Plus encore, elle est déployée à l’infini, puisque pleine de la capacité d’amour de Dieu.

L’Église ne parle pas de morts mais de fidèles défunts. Ils ne sont pas morts ! ils sont défunts, ce qui veut dire étymologiquement parlant : ils se sont acquittés de la vie qu’ils ont reçue de Dieu, ils ont terminé la fonction du service des frères ici-bas, ils ont rendu leur tablier, ils ont accompli leur vie terrestre avec tout ce que l’Eglise leur a donné. Mais leur vie continue. L’Église continue aussi… dans le ciel, le Royaume avec le Christ, premier-né d’entre les morts ! Et c’est maintenant lui, le Christ, avec son tablier, qui les sert à la table du Royaume.

On dit souvent, pour exprimer un doute sur l’existence du ciel, qu’aucun mort n’est jamais revenu nous en parler. Et c’est là qu’on se trompe ! Le Christ n’est-il pas apparu à ses disciples après sa résurrection ? Thomas a douté, Pierre croyait que c’était un fantôme… mais tous les deux se sont bien rendus à l’évidence, et leur foi est devenue la nôtre.

L’Eucharistie que nous célébrons ne manifeste pas autre chose. Elle n’est pas uniquement le partage entre nous du Corps du Christ, elle n’est pas uniquement la communion à la Présence du Christ. Elle est aussi communion avec tous ceux que nous aimons et qui participent aujourd’hui pleinement, à la vie divine.

Abbé Thierry Piet