Frères et sœurs,
Aujourd’hui, nous ne célébrons pas simplement un bâtiment de pierre, aussi majestueux soit-il. Nous célébrons la mère et tête de toutes les églises de Rome et du monde, la Basilique Saint-Jean-de-Latran, cathédrale du pape. Mais plus profondément encore, nous célébrons le mystère de l’Église comme maison de Dieu, peuple rassemblé, corps vivant du Christ.
Dans l’évangile, Jésus chasse les marchands du Temple et déclare : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce. » Il nous rappelle que le Temple n’est pas un lieu comme les autres. C’est l’espace où Dieu se donne, où l’homme est accueilli, sauvé, relevé.
Mais la révélation chrétienne va plus loin encore : Saint Paul l’affirme aujourd’hui :
« Vous êtes le temple de Dieu, et l’Esprit de Dieu habite en vous. »
Ainsi, la fête de la dédicace du Latran n’est pas un retour à la pierre, mais un appel à rénover notre cœur, à purifier ce temple intérieur où Dieu demeure. Comme Jésus dans l’Évangile, nous avons peut-être des tables à renverser, des bruits à faire taire, des priorités à réordonner.
Car l’Église n’est pas d’abord une institution ou un ensemble de bâtiments. L’Église, c’est nous, unis au Christ, animés par l’Esprit. Et si Saint-Jean évoque un fleuve d’eau vive jaillissant du Temple, c’est pour dire que l’amour de Dieu ne reste pas enfermé dans les murs. Il jaillit, il se diffuse, il irrigue le monde.
La basilique du Latran, consacrée au IVᵉ siècle, a traversé les siècles, les guerres, les divisions, les réformes. Elle est le signe que l’Église peut être blessée mais ne disparaît pas, parce que sa solidité ne réside pas dans les pierres, mais dans le Christ ressuscité.
Alors aujourd’hui, demandons-nous :
Ma vie respire-t-elle l’Évangile ou l’agitation du monde ?
Suis-je un lieu où l’autre peut rencontrer la paix de Dieu ?
Suis-je une pierre vivante qui fortifie l’Église, ou une pierre d’indifférence ou d’obstacle ?
Que cette fête nous redise notre vocation : être des temples vivants, habités, transformés, rayonnants.
Frères et sœurs, demandons la grâce d’une Église toujours plus humble, toujours plus fraternelle, toujours plus missionnaire. Non pas une Église repliée sur elle-même, mais une Église qui ouvre ses portes comme un cœur ouvert.
Que le Christ lui-même, lui qui bâtit l’Église et la conduit, vienne aujourd’hui purifier, renouveler et vivifier notre temple intérieur.
Amen.
Abbé Thierry Piet