L’Onction des malades : une force pour vivre !
L’onction des malades n’est pas destinée aux mourants mais, comme le nom l’indique, aux malades, c’est-à-dire aux vivants qui vivent une épreuve ou une importante difficulté de santé. C’est donc, face à la maladie ou au handicap, une rencontre avec le Christ qui est proposée.
Quelques repères dans l’histoire de Jésus, des disciples et de l’Église.
Au long de sa vie terrestre, Jésus a toujours manifesté une prédilection pour les malades :"Parcourant la Galilée, Il enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple." (Matthieu 4,23)
Face à ces malades que nous montre l’Évangile : sourds, lépreux, paralytiques...Jésus est préoccupé, non d’expliquer la maladie mais de manifester l’Œuvre de Dieu ; et ses gestes expriment la liberté et l’amour de Dieu. Les gestes d’amour prennent place dans la mission de Jésus, ils font de Lui le serviteur souffrant, portant sur Lui le poids du mal. En guérissant certains malades, Jésus fait donc apparaître la compassion de Dieu pour les hommes qui souffrent. Lorsqu’Il retourne près du Père, Il ne les abandonne pas. Il les confie à la communauté des croyants, pour qu’elle en prenne soin et, par elle, Il vient à eux dans les sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation. A ceux qui sont atteints d’une maladie grave, Il offre le sacrement du réconfort, celui de l’Onction des malades.
"En mon nom...ils imposeront les mains à des malades et ceux-ci seront guéris." (Marc 16,18)
Le sacrement des malades a beaucoup évolué depuis les origines de l’Église. Dès le début de l’Église, les chrétiens ont manifesté aux malades que le Seigneur leur était présent en leur imposant les mains et en les marquant de l’huile. A partir du 7ième siècle, le sacrement est reporté le plus proche possible de la mort et devient l’extrême-onction que seuls les prêtres peuvent donner.
Le concile Vatican II rétablira le sens et les pratiques de l’Église ancienne et c’est ce que nous vivons aujourd’hui dans l’Église :
– une onction des malades destinée à tous ceux qui sont atteints de maladie, de handicap graves ou en âge avancé
– l’imposition des mains est réintroduite
– l’onction peut se situer au cours d’une eucharistie pour que le malade puisse communier
– l’instauration de célébrations communautaires car les actions liturgiques ne sont pas des actions privées mais des célébrations de l’Église à privilégier chaque fois que cela est possible.
Quelques propos...
– Denis Ledogar, prêtre assomptionniste et infirmier. Dans le Hors-Série Panorama : "Vieillir tout un art".
"Le sacrement des malades : tendresse et force."
- Il participe de tout un ministère de compassion autour des malades : en plus de ceux qui les soignent, de ceux qui les visitent, les prêtres peuvent les réconforter à travers la célébration de l’Onction.
On me dit parfois "Notre maman est malade, mais ne venez pas tout de suite, ça va lui faire peur si elle voit un prêtre arriver !" J’entends souvent, aussi "J’aimerais recevoir l’Onction, ça me donnera la force de continuer à me battre malgré la maladie qui m’accable !" Ou encore "Pour porter ma souffrance en communion avec le Christ".
- On propose des célébrations communautaires en paroisse. Nous les pratiquons à l’hôpital ou encore à Lourdes, lors du Pèlerinage national du 15 août. La communauté chrétienne entoure les personnes souffrantes. L’invocation de l’Esprit Saint est d’une grande richesse. Même là, je dis un mot personnel au malade. Je prends ses mains dans les miennes et lui dis une parole de tendresse :"N’ayez pas peur !", "Le Seigneur vous accompagne", "Gardez courage, gardez confiance"...
- Je vis cette célébration comme une grâce qui m’inonde ! Répandre cette huile sur le front et les mains, dire :"Par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande bonté te réconforte", c’est comme toucher Dieu du doigt. Car il n’y a pas plus proche de Dieu que ce qui est fragile, vulnérable, pauvre, blessé. A travers mes mains de prêtre, c’est l’humanité de Dieu qui rejoint le malade dans ses larmes, son corps blessé, ses cris, son cœur, son quotidien parfois difficile, sa grisaille. Les gens vivent ce moment intensément. Parfois des larmes coulent. A travers ce geste, Dieu leur dit toute sa tendresse.
– Mgr Jacques Perrier. Dans "Je sais en qui je crois" Ed. du Cerf.
"Il est dommage que beaucoup de malades soient privés de ses grâces"
L’onction des malades est sans doute le plus ignoré de tous les sacrements. Le mensonge devant la mort, la peur du personnel médical de s’avouer battu par la maladie, l’engourdissement des malades par les drogues qui les soulagent, le milieu hospitalier compétent techniquement mais souvent démuni spirituellement, autant de causes anciennes ou récentes d’ “enterrer” ce sacrement qui est considéré comme un signe de mort : l’ “extrême” onction ou l’onction reçue à tout “extrémité”.
Tout au contraire, dans l’esprit de l’Église, l’onction des malades est destinée à leur donner, sinon la guérison physique, du moins la force dans l’épreuve de la maladie. Ce sacrement fait penser à la grâce de Lourdes : peu de malades en reviennent guéris, la plupart découvrent l’espérance.
Il est dommage que beaucoup de malades soient privés de ses grâces par la timidité des bien-portants.